Echos divers et Communications octobre 1892

De MercureWiki.
 
Mercvre, « Échos divers et Communications », Mercure de France, t. VI, n° 34, octobre 1892, p. 186-191.



ÉCHOS DIVERS ET COMMUNICATIONS
Le Latin Mystique

 La souscription est close depuis le 20 septembre. Le volume est prêt, mais l'expédition n'en sera faite aux souscripteurs qu'à dater du 1er octobre — ce délai afin de permettre aux personnes en villégiature, ou qui auraient changé d'adresse sans nous en aviser, de nous donner les indications nécessaires. Nous conseillons comme mode de paiement le mandat-poste; nous ferons recouvrer dix jours après l'envoi du volume les sommes qui ne nous seraient pas parvenues.
 A partir du 1er octobre également, le Latin Mystique sera mis en vente, au prix annoncé de 12 fr., chez Léon Vanier, 19, quai Saint-Michel (et au bureau du Mercure de France, mais par correspondance seulement; envoi franco). Il reste des tirages de luxe un ou deux exemplaires de chaque sorte, dont les prix sont ainsi fixés:
   Hollande. 30 fr.
   Violet.... 40 fr.
   Pourpre.. 40 fr.
 Voici la liste des souscriptions reçues depuis la publication de notre dernière livraison jusqu'au 20 septembre:
 Exemplaires Hollande (à 20 fr.): M. Henry Baüer.
 Exemplaires papier teinté (à 10 fr.) : MM. Gustave Boucher, le Dr Rougier-Grangenenve, la Bibliothèque de Blois, MM. Pierre Dufay, R-N. Roland Holst, des Amiorie van der Hoeven, Mme de Maret, MM. W-G Royaards; Jules Nathan, Emile Barbé.
 Errata. Dans la liste complète des souscripteurs publiée le mois dernier, lire : M,. Audry, et non Andry ; MM. Gaston et Jules Couturat, et non M. Georges Bonnamour.
 Enfin nous avons reçu de notre collaborateur Remy de Gourmont la lettre suivante :

« 20 septembre.


  « Mon cher Vallette,
 «  Je serais ingrat et maladroit si; après le succès de Latin Mystique, je n'offrais mes humbles remerciements aux abonnés et aux lecteurs de cette revue, et si je n'ajoutais quelques menues réflexions.
 « Tout simplement ceci le Latin Mystique représentait, au point de vue matériel, un assez gros effort, réclamait des frais relativement élevés ; plusieurs des principales maisons d'édition s'en rendirent compte et refusèrent la partie. Or, ce qui a effrayé de solides commerçants, nous l'avons réussi, — et cela grâce à votre bonne administration et la sympathie intelligente de nos amis proches et lointains. Un libraire n'est donc pas plus indispensable qu'un journal à un écrivain, qui redoute les compromissions. Il fallait le prouver ; c'est fait, — et plus que fait. On dira que ce n'est rien et qu'il faut voir la suite: on la verra.

Affectueusement,

Remy de Gourmont


 Nous recevons la lettre qui suit :
  « Mon cher Vallette,
.  « Il y a dans le Bulletin de victoire rédigé par M. Leclercq quelques inexactitudes, et des omissions, surtout: le commissaire de police n'eut pas à dresser procès-verbal, puisque je refusai de porter plainte, contre mon agresseur, me trouvant satisfait « des coups qu'il reçut » — c'est l'aveu qu'il fit au Matin — et que j'eus plaisir à lui porter (la voilà, la fâcheuse omission, la voilà bien !), à la vérité sans canne.
 « A Dieu ne plaise que je tire vanité d'être solidement construit ! mais, dans l’espèce, je fus content de posséder une poigne vigoureuse.
 « Faut-il l'ajouter? je ne saurais prendre l'engagement de ne plus parler de M. Leclercq.
.  « Quant à vous, mon cher ami, je ne vous ai jamais supposé capable d'une intention maligne envers moi, et je tiens à vous le dire.

« Bien cordialement,

« Willy »


 Voici, à titre de document, la lettre de M. Julien Leclercq insérée par le Matin du 20 août et à laquelle M. Willy fait allusion :

« Paris, le 19 août 1892.

  « A Monsieur le Directeur du « Matin ».
 « Monsieur,
 « M. H. Gauthier-Villars néglige de vous spécifier que:
 « I°» Je ne me suis résigné aux voies de fait que parce qu'il a refusé de me donner par les armes une réparation des injures qu'il m'avait gratuitement prodiguées. Il prouve une fois de plus son aversion pour le duel. Est-ce par philanthropie ? C'est peu probable.
 « 2° Je n'ai à mon tour reçu de coups, après avoir dûment marqué M. Gauthier-Villars à l'œil, que parce que mon agression avait ameuté contre moi tout le commerce de la librairie du quai, qui voulut venger l'attentat sur l'un des siens et lui prêter main-forte.
 « En outre, j'ai frappé mon adversaire le premier pour lui laisser le choix des armes, dans le cas où il se serait décidé à une rencontre. Mais, ni d'une façon ni de l'autre, il n'entend se battre, comme offenseur ou comme offensé. Ceci a de l'importance.
 « Agréez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération très distinguée, et veuillez, je vous en prie, accorder l'hospitalité à ces lignes, — les dernières.

« Julien Leclercq,

« 36, rue des Batignolles.»


« Paris, le 12 septembre 1872.


 « Mon cher ami, le R. P. Junipérien, revenu depuis peu d'un voyage en Biscaye, me commet le soin de vous aviser que l'état déplorable de sa chère santé le contraint, bien malgré lui, d'ajourner aux mois prochains sa lettre à M. Henri Mazel touchant La Fin des Dieux, ainsi qu'une appréciation que j'ai lieu de croire neuve sur le toreo, cet honneur des Espagnes.
 « Le saint religieux me charge en même temps de ses excuses et de toutes ses bénédictions pour vous.

« Mes deux mains,

« Laurent Tailhade. »


 Une note publiée par un grand nombre de journaux laisse supposer que le Mercure de France faisait partie des revues « réunies en Comité d'initiative » pour l'érection d'un buste à Léon Cladel, et annonce formellement qu'il « recueille les souscriptions ». Ce sont deux inexactitudes. L'obligation de les rectifier nous placerait dans une situation équivoque si nous n'affirmions en même temps notre respect pour le défunt.


 La Plume du 1er septembre publie, avec la première liste de souscription pour le monument Baudelaire, la liste des membres du comité, ainsi composé:
 Président d'honneur : Leconte de Lisle.
 Membres: Paul Bourget, Jules Claretie. François Coppée, Léon Deschamps, Léon Dierx, Anatole France, Stephan George, Edmond de Goncourt, José-Maria de Heredia, J.-K. Huysmans, Camille Lemonnier, Maurice Maeterlinck, Léon Maillard, Stéphane Mallarmé, Henri Mazel, Louis Ménard, Catulle Mendès, Octave Mirbeau, Jean Moréas, Charles Morice, Nadar, Prince Alexandre Ourousof, Vittorio Pica, Edmond Picard, Henri de Régnier, Adolphe Retté, Jean Richepin, Edouard Rod,Georges Rodenhach, Aurélien Scholl, Emmanuel Signoret, Armand Silvestre, Stuart Merrill, Sully-Prudhomme, Swinburne, Laurent Tailhade, Auguste Vacquerie, Alfred Vallette, Paul Verlaine, Emile Verhaeren, Francis Vielé-Griffin, Emile Zola.
 Il faut ajouter à cette liste le nom de M. Félicien Rops.


 Fin octobre, notre collaborateur Laurent Tailhade publiera Douze Ballades nouvelles pour abominer le Mufle, avec une eau-forte d'après Hermann Paul.


 On annonce pour paraître prochainement à Berlin une revue idéaliste : Blatter für die Kunts, qui sera dirigée par M. Carl Auguste. M. Stephan George, l'auteur de Pilgerfahrten, dont. M. Albert Saint-Paul a traduit naguère un fragment pour l'Ermitage, en sera l'un des rédacteurs.


 Notre confrère M. Léon Deschamps, Directeur de la Plume, épouse, le 27 septembre, Mlle Claire Grigny.


 Sigurd Ibsen, le fils de Enrik Ibsen, s'est fiancé à Bergliot Bjœrnson, la fille de Bjœrnstjerne Bjœrnson. Le Figaro, qui le premier communiqua cette nouvelle, a parlé d'une inimitié mortelle qui existerait entre les deux pères, tandis qu'au contraire la belle Bergliot a passé presque tout l'été à Christiania, chez Enrik Ibsen, et que, d'autre part, Sigurd Ibsen, jeune diplomate, mis en disponibilité depuis lors à cause de son livre révolutionnaire l'Union de la Suède et de la Norvège, a séjourné longtemps à Anlestad, le séjour de campagne du poète politique.


 D'une interview des ouvriers de Roubaix, par M. Jules Huret (Figaro du 7 septembre):
 « Un jeune homme blond, à la face grasse et montée en couleur, à l'œil intelligent, habillé d'une veste de toile claire à raies blanches et violettes, à la manière des garçons bouchers, s'adressa à moi: « — Vous avez lu Gil Blas de Santillane? Vous vous rappelez l’archevêque de Tolède disant sur ses vieux jours: « Je crois avoir fait bonne œuvre dans ma jeunesse et dans mon âge mûr; à présent je suis vieux et perclus: restons-en là, ne compromettons pas ce que nous avons écrit de bien par des œuvres médiocres ou mauvaises. » Eh bien. M. Jules Simon ferait mieux de prendre exemple sur l'archevêque de Tolède que de nous affliger de son gâtisme...
 « Très bien ! Bravo ! cria-t-on dans des rires. »
 Ces ouvrier de Roubaix ne nous paraissent déjà point tant sots. Mais il serait inexact de croire que M. Jules Simon a perdu toute popularité : nous avens reçu de Belgique la lettre suivante, que nous publions, bien que l'insertion ne nous en ait pas été demandée et que le sujet soit fort peu excitant, pour montrer avec quelle bonne grâce nous accueillons nous accueillons les opinions les plus diverses:
  « Monsieur,
 « Permettez-moi de vous dire que le critique qui signe P. Q. dans vos colonnes est vraiment indigne du Mercure de France.
 « Je prétends que celui qui appelle Jules Simon un « malfaiteur public « et Musset un « assez mauvais poète » est ivre ou fou.
 « Je défie tout homme en possession de sa raison de ne pas être révolté en lisant ces lignes qui sont un outrage continuel au sens commun ; et je suis étonné de les trouver dans le Mercure de France, que, jusqu'à ce jour, j'avais assez goûté.
 « Agréez, Monsieur, mes sincères salutations, et excusez la netteté de cette protestation,

(Signature illisible.)

« Avocat. »


 « 31 août 1892. »


 Hélas, Monsieur, presque tout notre Recueil est un outrage au sens que vous dites, le commun étant le pire ennemi du bon.

 Après avoir annoncé que M. Gabriel Randon préparait un roman intitulé : L'Imposteur, nous avons reçu de M. Stuart Merrill l'avis que depuis longtemps il travaillait à un roman de sujet analogue, portant le titre de : Un Messie. A son tour, M. Raymond Nyst, dans le Mouvement Littéraire, prend acte pour un volume dont la donnée est identique, auquel il travaille depuis 1891 et qui s'intitulera: Un Prophète. — Au surplus, nous écrit M. Stuart Merrill, « une authoress anglaise, Madame Lynn Linton, s'est emparée, il y a quelques années, du sujet qui nous préoccupe, et a publié un roman, que du reste je n'ai pas lu : Joshua Davidson (Jésus fils de David). Ce qui prouve qu'il faut en tout chercher la femme.»


 Document pour M. Zola (Figaro du 12 septembre): « Lourdes, 10 septembre. — Une jeune fille de vingt-six ans, Mlle Marthe Edmond, venue avec un pèlerinage belge, a succombé hier soir à une attaque d'apoplexie en passant devant la statue de la Vierge. »


 Mesure sanitaire : — « Le Gouverneur de Nijni, le général Baranoff, a dû faire donner cent cinquante coups de knout à l'infirmier Oussoff. qui avait propagé des nouvelles inquiétantes dans le village de Lyskow. » (De la Lettre de Russie de Lydie Paschkoff, Figaro du 31 août.)
 La petite dernière de Nestor (Echos de Paris du 13 septembre): — «  Et ce qui m'attirait, ce n'était pas la beauté pittoresque de Gènes, la joyeuseté de ce peuple si vivant, la beauté des femmes, noires, mais superbes sous le mezzaro blanc, casquées d'admirables chevelures éburnéennes...»



Outils personnels