Journaux et Revues juin 1892

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Mercvre, «  Journaux et Revues », Mercure de France, t. V, n° 30, juin 1892, p. 182-185.


JOURNAUX ET REVUES


 Revue Philosophique, dirigée par Th. Ribot. - M. P. Paulhan termine là une étude de la responsabilité, commencée dans le n° précédent, où il examinait successivement la responsabilité du moi, celle des éléments psychiques, la responsabilité dans les états morbides et anormaux ; puis, passant de l'individu à la société, il envisage cette fois la responsabilité et l'état social. Il conclut, en touchant, sans s'y arrêter, aux difficiles problèmes connexes du libre-arbitre et de la sanction, en se servant des interprétations fournies par les théories déterministes et criticistes, que responsabilité, liberté, existence, pour un être organisé, sont des termes qui s'impliquent l'un l'autre, et l'idée de responsabilité parait bien comprise dans celle d'organisation, de finalité interne.
 Peut-être reprocherons-nous à l'auteur, tout en lui accordant le mérite attaché à un travail aussi intéressant, de s'être seulement trop complu à tenter de réduire les divers et tant ondoyants mobiles de nos actes, les rapports variés de leurs séquences dans le cadre rigoureux et froid de lois à apparences mathématiques, telle que la formule suivante : « La responsabilité des éléments psychiques est en raison inverse de la responsabilité de l'ensemble, elle est inversement proportionnelle à la solidarité de chacun des éléments avec l'ensemble des autres. »

G. D.

 Le Génevois (26 avril) contient sur les Lassitudes, de Louis Dumur, un article de M. Louis Duchosal, qui, toute question de talent écartée, se déclare contre la prosodie de notre collaborateur. « L'auteur des Lassitudes continue la tentative de Van Hasselt et d'Amiel, et essaie d'introduire dans notre langue poétique les règles de la versification antique. M. Edouard Tavan travaille au même projet et nous avons déjà dit ce que nous en pensions. L'intention de nos amis est parfaitement inutile. » Soit. Mais encore faut-il distinguer entre la versification des anciens et une versification basée sur l'accent tonique, une tonique n'étant pas nécessairement une longue, et une brève n'étant pas fatalement une atone.

 Le Ralliement (Angers) reproduit, nous dit-on, les Petits Aphorismes de Dumur. Voilà qui est aimable. Mais, si ce qu'on nous rapporte est exact, nous engageons notre collaborateur à s'en enquérir auprès d'un bon jurisconsulte du délit que commet un journal qui, sans citer d'où il le tire, sans indiquer le nom de l'auteur, reproduit un ouvrage sous un titre inventé. Les Petits Aphorismes paraîtraient à Angers, sans signature, sous le titre de Notes d'album.

 Dans le Figaro (16 mai), un bien joli... portrait de notre confrère M. Jules de Glouvet par M. Francis Chevassu, et d'une langue dont les quotidiens n'ont guère l'accoutumée.
 De Nieuwe Gids (avril) s'ouvre par une page magistrale de M. Ary Prins, qui raconte, dans une prose savante et riche, la mort du roi Harold ; – Critique théâtrale, Van hat Tooneel, par M. C. F. van der Horst ; - M. J. van Looy signe Brugge, impression d'une promenade dans la vieille ville flamande ; - M. Ch. M. van Deventer a écrit d'un style agréable Anaxagoras of over de Smart, dialogue philosophique dans la manière de Platon ; - De Duitsche Socialisten en de Oorlog, par M. F. van der Goes, dont on trouve un autre article un peu plus loin : Socialitische Aestketiek ; - M. L. van Deyssel critique durement le livre de M. Byvanck ; Un Hollandais à Paris en 1891 ; - une fantaisie de M. Frans Erens sur le Vendeur de Soleil, de Rachilde ; - Armengerg, par M. P. L. Tak ; - enfin deux poèmes en prose de M. Delang : Vorst-Zonnen et Zonne-Begin.

 Les Essais d'Art libre, l'une des dix revues intéressantes sur les deux ou trois cent qui se publient en France, donnent (avril) un beau « vingtain » de P.-N. Roinard : Sous la Haire. Avec ce titre : Le dédain d'être mauvais, M. Camille Mauclair y fait une glose de la dernière plaquette de M. Barrès. Série de sonnets de M. Théodore Maurer : Les femmes de Shakespeare. Nouvelle de M. Edmond Coutances : Conversion. Léon Balzagette : Le Salon de la Rose+Croix.

A. V.

 Dans la Revue de l'Evolution, un très beau dialogue inédit de Villiers de l'Isle-Adam : Entre l'Ancien et le Nouveau. C'est une des rares pages, en tout cas la plus longue, où Villiers de l'Isle-Adam se soit exclusivement occupé de politique. Même numéro, une remarquable étude sur Jules Renard, signée A. Roguenaut.
 A lire dans la livraison du 15 mai : Schimchoun, légende biblique, par Georges d'Esparbès ; London, impressions rapides, par Rodolphe Darzens.

Z.

 Le quatrième fascicule du Phœnix seu Nuntius Latinus vient de paraître, poursuivant son intéressante campagne en faveur du latin comme possible langue universelle. Il contient, entre autres articles, une étude sur Thomas De Quices, signée : « Aristarchus Batavus ».
 En supplément, le Phœnix nous donne un assez curieux recueil intitulé : Post Prandium. Solatia, ad consuetudinem latine loquendi colendam, studiumque romanae linguae oculis et auribus jucundum reddendum, proposite. C'est une sorte de Punch ou de Puck où les vignettes sont expliquées par des légendes latines. Il est évident qu'un enfant, une femme, ou même un homme pressé d'apprendre, se mettrait plus facilement du latin dans la mémoire par la lecture de ce post prandium que par la lecture de Cornelius Nepos. En voici un extrait. Deux vieilles gens considèrent un tramway électrique :
 Birgitta : « Quæso, Patriti, num quid currus ille sine equis movetur? »
 Patrilius : « Sic aiunt. »
 Birgitta : « Edepol, credat Judaeus Salomon, non ego. Oh, si omnes angulos et recondita nihi facultatem investigandi daretur, equum vel mulum sive saltem asinum sane invenirem ! »
 Autre, intitulé Casus conscientiaa et où le latin se prête très bien au jeu de mots. une bonne ouvre la porte à un visiteur:
 Birgitta : « Piget dominulam meam non domi. »
 Claudius : « Cur, Birgitta, piget? »
 Birgitta : Mendacium dicere piget.
 Claudius : « Bene, valeto. » (Exit.)
 Autre: conversation galante dans une demi obscurité :
 Domina Frigida : « Meum tibi amorem manifestare non possum. »
 Dominus calidus : « Cur lux... »
 Dominus Frigida : « Quia amorem non habeo. »
 Les annonces sont amusantes :
   Vinolianum saponem,
     Vinolianam pulverem,
Vinalionam fiosculam.

 Vendunt B... et socii, Londino, Neo-Eboraco, Parisiis.
 Purissima, tutissima, optima sunt. - Pro balneo, pro tonstrina, pro cubicolo. - Floscula balsamica, médicinalis, suaviter et delitiose odoribus delibuta, collapsibilibus tubie exprimitur.
Utere semel. Utere semper.
Solus odor sparsi spiramen aromatis efflat.
 Une autre, réclame pour un poli-cuivre, est ainsi libellée, en vers rimés, au dessous d'une image représentant un singe jouant de la mandoline, et assis sur le croissant de la lune :
Luna et ego amici sumus
Illam Fures et me Fumus
Habent odio magno.
Omnia ferme perlustramus,
Sannos lamen non lacansus
Quancis linclos stagno.

R. G.

 Le Magasin Littéraire (Gand, avril) publie, de M. Hugues Vaganay, une étude sur La Nouvelle aux Etats-Unis.

 La Jeune Belgique (mars) est presque entièrement consacrée à la littérature étrangère. Après deux poésie : Epilogue, de M. André Fontainas, Jettatura, de M. Iwan Gilkin, et deux courtes proses : Fragment, de M. Henri Maubel, et La Parabole des Vierges, de M. Eugène Demolder, voici des Poésies de Tulcheto (L. Wallner trad.), Quelques scènes d'Ibsen (Georges Eckhoud trad.), Trois poèmes de Keats (O.-G. Destreo trad.).

 Bon numéro de Chimère (mai) avec des proses, poèmes, fantaisies de Léon Durocher, Jules Bois, Remy de Gourmont, Henri Mazel, Paul Redonnel, Jules Renard, René Caillié,

Fernand Mazade, Pierre de Labaume, Joseph Desgenèts, Léon Dequillebecq, etc. — Puis Lilit, de Gabriel Dante Rossetti, texte et traduction.
 Nouveaux confrères: Revue Jeune (51, rue Monsieur-le-Prince. Mensuelle. Dir. Maurice Pujo; Réd. en chef: Gaston Dancienes): entre autres choses, un bon article de M. Maurice Pujo. — La Jeune France, Journal littéraire et politique, Organe des Etudiants (61, rue du Cardinal-Le-moine. Hebdomadaire).

A.V.


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