L’indifférent

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Albert Samain, « L'indifférent », Mercure de France, t. III, n° 20, août 1891, p. 70


L'INDIFFÉRENT


Dans le parc vaporeux où l'heure s'énamoure,
Les Robes de satin et les sveltes Manteaux
Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux,
Et c'est la fin d'un soir infini qu'on savoure.


Les éventails sont clos : dans l'air silencieux
Un andante suave agonise est sourdine;
Et, comme l'eau qui pleure en la vasque voisine, .
En larmes de velours l'amour coule des yeux.


Les grands cils effarés palpitent leurs tendresses.
Fluides sous les mains s'arpègent les caresses;
Et là-bas —— s'effilant, solitaire et moqueur ——


L'Indifférent, lassé d'Agnès ou de Lucile,
Sur la scène, d'un geste adorable et gracile,
Du bout de ses doigts fins sème un peu de son cœur.


Albert Samain.


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