Le Salon du Champ de Mars

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G.-Albert Aurier, « Le Salon du Champ de Mars », Mercure de France, t. I, n° 7, juillet 1890, p. 248.


LE SALON DU CHAMP-DE-MARS


 Soyons brefs. C'est le mieux, n'est-ce pas ? Et d'abord, un pur et incontestable chef-d'œuvre : « Inter, artes et naturam » de Puvis de Chavannes. Puis six lumineux paysages de Sisley. Des fantaisies, d'éblouissantes symphonies de couleurs de Besnard ; des morceaux de nuit de Ribot ; d'exquises figures noyées de brouillard de Carrière ; une « femme dans un paysage » et deux adorables études au pastel, d’Anquetin ; des ensoleillements intenses et multicolorement farineux, de Montenard ; des plein air, de Harrison ; des portraits très britanniques de Théodore Rousset ; des paradoxes de Blanche, de Boldini, de Zorn ; de poétiques crépuscules d’Errazuris ; des baigneuses — oh ! si cochonnes ! — d’Albert Aublet ; un « Monte-Carlo » de Jean Béraud, qui défie la photographie en exactitude et en bêtise ; d'étonnants croquis de Forain ; des pastels de Béthune ; enfin des Carolus Duran ; des Roll ; des Lhermitte ; des Courtois ; des Friant ; des Stevens ; des Gerverx... Tiens, j'allais oublier : LUI ! Son Napoléon, cette année, s'appelle « 1806 ». Il a le même cheval que les autres napoléons dus au pinceau patient et à la loupe de LUI, mais les cils de l'empereur sont plus finement peints que les cils impériaux de toutes les toiles antécédentes. Ah ! c'est que LUI est un chercheur, qui ne se contente pas des résultats acquis ! qui marche résolument vers l'absolu de l'art ! En somme « 1806 » est une œuvre largement peinte, émue et poétique !

G. Albert-Aurier.


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