Le songe

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Frans Erens, « Le songe » Mercure de France, t.IV, n°28, avril 1892, p. 297 et 299.


LE SONGE


 Dans la nuit, dans la blanche lumière de la lune. Sur une route large et blanche, le long d'une forêt, dans la lumière blanche de la lune, s'arrête un cortège de voitures noires;
 En descendent des femmes en jaune, de la tête aux pieds,couvertes de voiles transparents et noirs. Leurs bras nus, charnus et pâles, pendent, rondeurs luisantes, le long du corps.

 Disparues les voitures.

 Les femmes à cheval, assises avec des hommes sur les reins balançants des chevaux qui trottent.
 Et, comme dans un cirque, ils tournent en galopant aux sons d'une musique de cirque.
 Les chevaux se cabrent, haut les jambes de devant, fléchies les jambes de derrière,et en avant ils se ruent dans un mouvement de vagues.
 Ils galopent, ils galopent, pendant que les bras s'enlacent, que les jupes jaune orange et les voiles flottent, flottent dans la blanche lumière de la lune.

 Disparus les hommes et les femmes des croupes des chevaux, qui montent et descendent dans le saut rythmique.

 Et, seuls, les chevaux dansent en rond, vont d'un trot silencieux dans la blanche lumière de la lune, dans le silence de la nuit.
 Couverts de neige sont les dos des chevaux, qui descendent et montent dans un trot silencieux, puis galopent et galopent en tournant.
 Disparus les chevaux. Silencieuse la forêt, qui dort dans l'éclatante et blanche nuit.

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