Les Livres Choses d’Art. Echos divers. Petite Tribune des Collectionneurs

De MercureWiki.
Version du 21 mai 2013 à 09:37 par Admin (discuter | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
 
Mercvre, « Les Livres. Choses d’Art. Echos divers. Petite Tribune des Collectionneurs », Mercure de France, t. III, n° 24, décembre 1891, p. 360-375


LES LIVRES (1)
____


 Lassitudes, par Louis Dumur (Perrin et Cie). —— Voir Page 328.
 Pierrot-Narcisse, par Albert Giraud (Lacomblez, Bruxelles). —— L'auteur de Pierrot Lunaire est revenu à son héros favori : l'homme pâle le hante. Et puisque, comme il le dit lui-même, c'est son sort

D'avoir Pierrot jusqu'à la mort.
A côté de lui, comme une ombre,

il nous donne, de par son destin et pour notre agrément, un nouvel avatar de ce caméléon prodigieux et inépuisable. La comédie de M. Albert Giraud est alerte, spirituelle, ingénieuse. La note n'en est peut-être pas très inédite ; nous avons déjà entendu, chez Banville et ailleurs, ce vers pétillant, sautillant, à rime éclaboussante, ces élégances trop artificielles, ces mousses de champagne : mais M. Giraud n'a point la prétention d'innover ; il se contente de jouer à son tour avec virtuosité d'un instrument charmant. Cela déjà suffirait à montrer le philosophe qu'est le poète de Pierrot-Narcisse. Il y a mieux : l'idée de son poème est d'une ravissante sagesse.

Ecoute : il est deux races 
Vieilles comme l'azur et comme la clarté :
L'une éprise de force et de réalité,
Belle, luxuriante; héroïque, ravie
Par la banalité splendide de la vie,
Et cette race-là c'est celle des heureux !
L'autre est la race des rêveurs, des songe-creux,
Et de ceux qui, nés sous le signe de Saturne,
Ont un lever d'étoile en leur coeur taciturne !
C'est la race farouche et douce des railleurs
Qui trainent par le monde un désir d'être ailleurs.
Et que tue à jamais chimérique envie
De vivre à pleine bouche et d'observer la vie,

 C'est la race de ceux dont les rêves blasés
 Se meurent du regret d'être réalisés !
 L'une est pleine de joie, et l'autre de rancune,
 L'une vient du soleil, et l'autre de la lune ;
 Et l'on fait mieux d'unir l'antilope au requin
 Que les fils de Pierrot aux filles d'Arlequin !
  Eliane, Cassandre, Arlequin et tous les autres personnages de la pièce sont de la première race ; Pierrot n'est pas fait pour eux, ils ne sont pas faits pour lui. Ce serait à désespérer de la vie, si, par une fortuite providence, Pierrot ne rencontrait pas son image dans une glace de Venise. Il reconnaît là le frère intime qu'il peut, qu'il doit seul aimer. M. Maurice Barrès sera content.

L. Dr.  


 Chansons pour Elle, par Paul Verlaine (Vanier). — Des vers de mirliton par un poète de génie.
  Tu bois, c'est hideux ! presque autant que moi.
  Je bois, c'est honteux, presque plus que toi.
 Telle est la dernière manière de l'auteur de Sagesse.


E. D.  


 Henry Pivert, par Fernand Clerget (L. Genonceaux). — Presque en même temps que les Tourmentes, un recueil de poésies non sans valeur, M. Clerget débute dans la prose par un roman à clés, « une fresque — déclare-t-il à Paul Verlaine dans sa dédicace — que vous connaissez bien, dont tout les personnages se sont gravés eux-mêmes sur les murs des temples vieillis dont ils sont les derniers pantins ». Or, il est indubitable que, malgré certaines qualités, ce livre est un mauvais début, le roman à clés, esthétiquement parlant, n'étant qu'une grosse erreur : l'écrivain, en effet, entre son désir de faire exact et la nécessité primordiale de créer des entités complètes, se trouve un peu dans la situation de l'âne de Buridan, d'où un grave préjudice pour l'œuvre. Je ne conteste point que Charles Demailli soit un livre très fort, même avec ses énormes défauts de composition, ses gibbosités monstrueuses du début — et peut-être à cause de cela ; mais je lui préfère Madame Gervaisais. D'ailleurs, pour m'en tenir à l'idée de l'œuvre : la gestation, l'évolution et l'impuissance du jeune décadent M. Pivert, placé dans le milieu que nous savons, les personnages manquent de relief, sans doute parce que l'auteur les explique trop, et la « fresque » apparaît dans un reculement brouillardeux. — Aussi bien serait-il injuste de condamner M. Fernand Clerget sur cet ouvrage où il a entassé ses observations de jeunesse ; c'est plutôt un essai « avant le premier mot, avoue-t-il dans sa lettre dédicace, que je dirai, sans doute un jour ».


A. V.  


 Lawn-Tennis, par Gabriel Mourey (Tresse et Stock). — Ne mireris, candide lector, si latiis urbis utar ut res referam quae uel potius diuinae Sapphonis linguam postulent : timeo enim ne apud typographum graecae litterae haud apte inueniantur. At saltem, cum uetera usurpem uocabula, Mercurium nostrum euoluentibus quaedam statim temporum subueni et imago quibus tenera feminarum labella nullis osculis interdicebantur et Pasiphaen urebat
  ……crudelis amor tauri……………………………
 Non tamen ad prodigiosos cum bestiis concubitus qui reginis tantum reseruantur mentem nostram sollicitat eximiae fabulae scriptor. Quotidianum guidem, prope est ut dicam uulgarem, amandi morem in scenam tradit et uirilis amplexus odium quod ad commune lectum et mutua gaudia nonnullas impellit puellas. Non autem ut Paulus Alexis, stolidissimus ille uir qui nomine tantum egregiae eclogae virgilianam uenustatem participat, sic fabulae personas e prostibulorum et lenonum faece hausit Moureius, sed ex ingenua gente ortas inter urbanorum sermonum lepores et amoeni horti floridas umbras inducit ; unde fit ut minus intelligam cur hi tam faceti tam fero euentu lusus claudantur et amica nuptae et praegnantis amicae spiritum rabidis manibus obstringat : hilarius enim euadit Aloisiae Sigeae Tribadicon et nemo non fateatur necesse est nulli magis perspicuos fuisse secretissimos muliebris animi recessus quam Nicolao Choriero, quippe qui prudentissimus fuerit magistratus et quem ob id ipsum ne intimus quidem uel infinius inter amatorios furores et errores fugerit. Ille etiam qui apud recentiores haud dubie huiusmodi élegantiarum arbiter exstitit non siuerit unquam libri sui limen ineptissima (nec mirum histrionali siguidem) epistola turpari.

P. Q.  


 Loth et ses Filles, par Paul Lacomblez (P. Lacomblez, Bruxelles). — « D'après la tradition arabe, l'une des filles de Loth s'appelait Radja, l'autre Zogar. — J'ai vainement interrogé M.  Ledrain sur le sens, allégorique de ces deux noms : Radja, Zogar. Comme je voulais faire un poème, tout simplement, sans prétention aucune à restitution plus ou moins exacte, j'ai passé outre, et j'ai essayé de suivre d'aussi près que possible l'interprétation courante de la Bible. » Ainsi parle l'auteur, qui, en effet, ne pèche point par hétérodoxie ; et c'est là, peut-être, son capital défaut, car les paraphrases du passage de Loth sont innombrables, et il semble qu'il ne soit plus permis de toucher à ce sujet que si, précisément, on en a une conception qui diffère de l'interprétation courante. M. Paul Lacomblez a d'ailleurs réussi ce qu'il voulait, et son poème a cette qualité assez rare aujourd'hui d'être bien composé. Toutefois, quelques vers vieillots et, par place, de véritables fléchissements. A signaler, scène II du troisième tableau le chant alterné de Radja et de Zogar, par quoi l'auteur a heureusement exprimé le moment difficile de l'histoire de Loth.

A. V.  

ou le Château Rouge à onze heures du soir. Les Pauvres à l'église, les Premières Communions sont d'une qualité peu commune d'infamie et de blasphème. Les Assis et le Bateau ivre, voila l'excellent Rimbaud, et je ne déteste ni Oraison du soir ni les Chercheuses de poux. — J'attends de quelqu'un qui sympathise plus que moi avec ce précoce énergumène une étude, et de son esthétique, et de sa psychologie. La Préface ne donne rien de tel ; on peut même dire que, hormis quelques renseignements précis noyés dans 28 pages de la prose la plus pitoyable, la plus lâchée et la plus ennuyeuse, elle ne donne rien du tout. L'auteur s'est tire de sa tâche en déclarant son mépris pour la Critique littéraire: ce sentiment ne devrait être permis qu'à ceux qui sont capables d'en faire.

R. G.

  

 Les Sept Princesses, par Maurice Maeterlinck (Bruxelles, Paul Lacomblez). — Quelques jours avant que paraissent les Sept Princesses, un ingénieux chroniqueur, qui signe Saint-Charles au Figaro, y donna indiscrètement une analyse du drame nouveau ; il s'en gaussait avec l'aimable ironie des hommes bien élevés qui ne veulent point être dupes, et en différentes occasions se demandait, selon la guise de M.  Sarcey : « Pourquoi font-ils cela ? Pourquoi disent-ils cela ? Je crois bien que l'auteur se moque de nous. Enfin ! il y aura des gens qui feront semblant de comprendre. » Comme si jamais quelqu'un (sauf peut-être feu M. Scribe ou feu M. A.Thiers) avait su pourquoi qui que ce soit fait quoi que ce soit : il nous amuse d'attribuer aux événements des motifs sérieux et raisonnables, et par une économie spirituelle quasi-fatale nous mettons volontiers de l'ordre dans la succession des images, des sensations et des idées que semble nous suggérer le spectacle du monde, et nous tenons bourgeoisement les comptes de notre vie mentale. Nous ne nous sentons plus de joie quand les poètes (et j'entends ici ceux qui créent des œuvres d'art soit phoniques, soit plastiques) organisent harmonieusement le chaos des choses pour notre plaisir ; et peut-être, après tout, cet égoïsme intellectuel est-il légitime. J'admets que ce jour un peu artificiel charme le plus grand nombre : encore n'est-il que d'une stricte justice d'admettre aussi que d'autres, comme Maeterlinck, expriment de préférence les ténèbres de l'âme, parce qu'ils sont descendus, hagards et effarés, dans les limbes merveilleuses de l'inconscience.
 C'est une histoire étrange et simple que celle des Sept Princesses : On dirait d'une chanson populaire dialoguée et mise en action ou de quelque conte aussi vieux que la terre, comme en recueillirent les frères Grimm. Quand, sur le grand vaisseau de guerre, le prince revient des Iles inconnues vers le grand-père et la mère-grand, derrière les vitrages, dans une salle où il ne pénétrera qu'en soulevant une pierre funèbre, les Sept Princesses dorment leur sommeil de fantômes, et parmi elles il y en a une qui ne s'éveillera plus,

celle qui sans doute fut sa fiancée. Les trois personnages du drame qui ne sont pas silencieux, le Prince, le vieux Roi, la vieille Reine, parlent une langue qui est encore du silence, enfantine et sénile, langue des êtres qui viennent de naître et des êtres qui vont mourir, en petites phrases courtes et haletantes, souvent répétées et qui obsèdent ; et l'impression s'aggrave par les gestes de stupeur et d'anxiété, agrandis encore dans cette brume surnaturelle. Mais, au reste, on se raconte point la terreur, on la subit, et il serait aussi vain de vouloir rendre avec des mots l'effet d'un tel drame que l'inexplicable et impérieuse épouvante des bois nocturnes.

P. Q.  

 La Peine de l'Esprit, par Maurice Pottecher (Fischbacher). - Or, Franz cultiva la Science et tourna son âme vers la Sagesse ; il désira la Femme-Esprit sur la foi des vieux bouquins ; et les vieux bouquins ne le trompèrent pas ; la Femme-Esprit vint ; elle apparut, Eve de Miracle, élémental jusqu'alors captif dans un bouquet de roses pourpres ; et Franz l'adora ; ils passaient leur temps à causer métaphysique. Elle lui parlait dans la manière d'Allan Kardec et de P. Sinnet qui écrivit le Bouddhisme ésotérique ; et comme ceci se passait dans une petite ville d'Allemagne, les gens prirent Franz pour un sorcier. Alors, elle l'emmena prêcher la sainte doctrine devant les Académies et les corps savants, - sans doute de France et de Navarre  - et les Académies voulurent lui faire donner des douches. Elle l'emmena encore dans le ciel, parmi les sphères roulant au travers de l'immensité sidérale, en chantant de la prose de Camille Flammarion. Et pendant ce temps la mère de Franz mourut. Quand il revint, la maison était vide, le foyer éteint ; il se laissa conduire au cabaret, le soir de Noël, et voulut se consoler un tantinet dans la Vie. Mais la Femme-Esprit apparut une dernière fois, se matérialisa, rayonnante de beauté, nue et le visage voilé aux yeux de tous, et le fit mourir, pour avoir préféré, une minute, la réalité douce et tiède de la chair et les baisers d'une petite fille à des promesses de joies supra-humaine !…
 Telle est à peu près l'histoire que nous conte M.  Pottecher sur des thèmes chers aux Kabbalistes. Et, en somme, on aurait tort de rire. Par ses tendances philosophiques, l'idée si curieuse qu'il recèle, je trouve véritablement ce poème très bien. C'est si rare de rencontrer un livre qui ne soit pas le livre de tout le monde. Peut-être y voudrait-on davantage de littérature et la forme dialoguée ne convenait pas absolument ; elle fait penser aux scènes magistrales du Faust et d'Axel ; certains passages donnent même l'artifice de quelque traduction maladroite ; mais il y a nombre de couplets remarquables ; au tribunal de la Science officielle, le réquisitoire du psycho-physiologiste est d'une ironie haute et que Villiers de l'Isle-Adam, je crois, n'eût point dédaignée. - C'est ce qu'on en peut dire de moins banal.

C. Mki.  

  Les Cabots, par Oscar Méténier (Charpentier). — Des nouvelles sans prétention, mais bien drôles dans leur concision de rapport policier. On dirait, ces calots, des squelettes de bons bourgeois qui attendent un vêtement neuf ou un suaire propre pour se décider à entrer en danse. Quand Méténier va comme ça tout droit, très vite, et casse de ci de là une ficelle en chemin, il obtient de curieux effets de sobriété. A citer le Mari d'Agnès, la Pipe, In extremis et aussi Décadence... pour ne pas en perdre l'habitude... Puis cette très jolie phrase (il s'agit de deux amants en présence d'un mari moribond) « ...Ils cessèrent de s'aimer de par un sentiment semblable à celui qu'éprouveraient des gens de cœur à la pensée de laisser seul à la maison un aveugle pour aller au feu d'artifice... » Je donnerais bien des volumes en échange de cette unique phrase.

***  

 Journal des Destrée, Mémoires de la vie littéraire, par Jules Destrée (Bruxelles, Lacomblez). — La dédicace : A mon frère Georges, et l'épigraphe : A l'instar de Paris (Vieilles enseignes), indiquent suffisamment l'intention de parodie. C'est ce livret, une légère, très légère raillerie à l'adresse de M. de Goncourt, comme pour dire : Ce que nous avons noté dans notre journal n'est pas d'un bien haut intérêt, mais c'est toujours aussi intéressant que ce que vous avez noté dans le vôtre, et le nôtre a cet avantage d'être complet en 40 pages. On en lirait volontiers plus long, car M. Destrée a de l'esprit et du style. Exemples : « 5 janvier. — Un monsieur proférait l'autre jour : Mon écrivain préféré, c'est Maxime de la Rochefoucauld. » — « 27 mai.— (Après la description d'une très vieille maison, où demeure une jeune fille « passionnée de toutes les nouveautés et de toutes les recherches modernes », ces deux lignes) : « Faire avec cette donnée une nouvelle de l'accent des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, mais plus belle. »

R.G.  


 Épisodes, Sites et Sonnets, par Henri de Regnier (Nouvelle édition, Léon Vanier).—— Il convenait certes de rééditer les Épisodes et les Sites, vieux de trois et de cinq ans, et où H. de Régnier, fidèle encore à l'alexandrin, affirmait superbement l'art de somptuosité mélancolique qui lui est personnel. Par une largesse qu'il faut louer, aux pièces déjà publiées dans ces deux volumes aujourd'hui introuvables, le poète a joint dix-sept sonnets à peu près contemporains. J'extrais de la partie inédite quatorze vers attristés comme un crépuscule, en avertissant M. Anatole France que, malgré l'absence du mot or, ce poème n'est point apocryphe :
 Les lourds-couchants d'été succombent fleur à fleur,
 Et vers le fleuve grave et lent comme une année
 Choit l'ombre sans oiseaux de la forêt fanée,
 Et la lune est à peine un masque de pâleur.


 Le vieil espoir d'aimer s'efface fleur à fleur,
 Et nous voici déjà plus tristes d'une année,
 Ombres lasses d'aller par la forêt fanée
 Où l'un-à l'autre-fut un songe de pâleur

 Pour avoir vu l'été mourir et comme lui
 Lourds du regret des soirs où notre amour à lui
 En prestiges de fleurs, d'étoiles et de fleuves,

 Nous voilà miroirs d'un même songe-pâli,
 Emporter le regret d'être des âmes veuves
 Que rend douces l'une à l'autre le double-oubli.

P. Q.  


 Sociétaire (Mœurs de théâtre), par Paul Dollfus (Savine). ― Volume des plus gais, où l'observation joue le plus grand rôle ; livre absolument vécu et, par endroits, très vrai. C'est l'histoire d'une femme amoureuse, non pas positivement de son art, mais bien de la gloire qu'il procure. Elle a débuté modestement aux Variétés dans un rôle à maillot, puis, de là, — et certes il y a du chemin — à l'Odéon ; du second Théâtre Français, elle passe à la Comédie où, quelques mois après son entrée, elle devient sociétaire. Le roman — si roman il y a — en lui-même n'existe pour ainsi dire pas ; ce sont les silhouettes que M. Paul Dollfus fait s'agiter devant nous qui sont le fond de l'ouvrage ; les personnages sont tous pris sur le vif et, sous des noms spirituels, pour la plupart sont très reconnaissables. Au total, livre écrit le plus gaiment du monde et avec beaucoup de bonhomie.

P.F.  


 L’Intruse, par Eugène Faivre (Savine). ― Singulière idée que d'avoir mis sur un roman un peu quelconque le titre du chef-d'œuvre de Maeterlinck ! On trouve du reste de tout dans l'Intruse, la trame du Possédé, de Camille Lemonnier, et la manière naturaliste, des expressions chères à M. Paul Alexis, et aussi le sentimentalisme descriptif, plus le fameux poison employé si souvent par les feuilletonistes à court de dénouement rapide, j'ai nommé le curare. Le style n'est certes pas banal, car il étincelle de comparaisons extraordinaires : « Le désir chez une fille honnête est comme le duvet de la reine-claude... etc... etc... » En somme, bon livre pour cabinet de lecture de quartier populeux.

***  


  Aux Bords du Lez, par Lydie de Ricard (Lemerre). — M. Xavier de Ricard a réuni dans ce volume des proses et des vers de Mme de Ricard et les fait précéder de quelques pages dolentes et pieuses sur « la chère inoubliable morte » et le mouvement félibréen. ― Je n'ai, pour ma part, aucune tendresse pour les félibres ; j'éprouve ainsi un vif plaisir à écrire tout le bien que je pense de ces poèmes de soleil, rêvés dans la joie de la nature méridionale, mélancoliques souvent, d'une grâce mignarde toujours et si féminine. Mme de Ricard avait subi le charme des choses et des êtres du Languedoc ; elle les voyait avec une âme de femme songeuse et maladive, et se grisait dans la frissonnante lumière des paysages; les pièces de ce recueil en gardent une délicieuse allure, une douceur musicale de vocables affétés, et fleurant un étrange et capiteux parfum de là-bas. — Peut-être faut-il mettre à part, cependant, de petites machinettes en patois et des traductions de troubadours ; c'est si peu de la littérature !...

C. Mki.  


 Sainte-Rosalie-aux-Bois, par Ouida (Perrin et Cie). — Œuvre beaucoup trop ornée de tirades sur l'économie politique du peuple italien. Je doute fort qu'un Français, né malin, puisse s'intéresser tant que cela au gouvernement intime de la Péninsule. Un garde champêtre tue deux chiens dans un village où fleurit l'oranger, et de ces deux crimes découlent les plus épouvantables événements. Tout le monde va en prison ; la jeune héroine, si belle, si chaste, si touchante, finit par mourir après des couches très difficiles ; Carmélo, le jeune homme intéressant, devient presque socialiste et montre le poing à un gendarme ; les vieux parents, si respectables, se sentent devenir fous ; tous les chiens sont mis cruellement à l'attache. Livre écrit avec une grande conscience et les plus plus généreux instincts.

***  


 Féfée, par Jules Hoche (Savine). - Pourquoi romanesque ? Il semble que tout cela peut bien arriver, surtout l'égoïsme à triple détente du héros !… Livre émaillé de jolies refléxions, comme une prairie de laine frisée verte l'est de fleurs artificielles chez certaines vieilles filles. Mais rien n'est mieux aujourd'hui que l'artificiel, tant le vrai nous apparait désormais faux avec son convenu classique. Citons l'auteur : « Et c'est pourquoi la vie humaine me parait une invention diabolique à laquelle tout est préférable ― hormis la mort. ».

***  


 La Pieuvre, par Sophie Harley (Ferreyrol}. ― Mieux écrit que Salane et plus doux, le second roman de Madame Sophie Harley. Des aperçus drôles sur la vie des filles galantes, un type d'institutrice laide et débauchée assez amusant, de jolis paysages bien rendus, nous indiqueraient que l'auteur, se dégageant de certaines préoccupations d'effets brutaux, saurait spiritualiser son style jusqu'au pur sensualisme littéraire, ce dont il convient de le féliciter. Somme toute, ce que les jeunes romanciers encombrants peuvent reprocher à Madame Sophie Harley la nouvelle venue, ne serait-ce point de savoir faire aussi bien ce qu'ils font aussi mal?

***  


  René Pierson, par Henri Monet (Savine). — Un roman dans la manière d'Alexandre Dumas père, quand il faisait faire un livre à un de ses élèves. Œuvre bien amusante, en ce sens que l'auteur attribue le fameux krach du cuivre à un bandit sorti du bagne et devenu financier. Nous nous en doutions.

***  

 La Maitresse adjointe par Georges Aragon (Savine).― Imaginez un feuilleton de Montépin dont tous les héros, même les enfants, seraient atteints de satyriasis. Cas d'érotomanie littéraire vraiment très curieux à observer.

***  


 La dernière « réimpression » de M. Émile Zola, par Émile Redard (Genève, Imp. centrale). — A l'Institut National, on a du temps de reste ; on y discute le plus sérieusement du monde l'intérêt littéraire de quelques feuilletons, tel le Vœu d'une morte, que M. Émile Zola, dans sa mansuétude, voulut bien rendre au public pour qu'il puisse juger (!) entre sa vieille écriture et sa nouvelle. Avec l'emportement d'une sainte indignation, M. Redard va jusqu'à qualifier d'irrévérencieux le silence non ! par la critique sur d'aussi cruelles niaiseries ; et vraiment cette ardeur nous surprend et nouss peine ; un Zola de plus ou de moins, allez, M. Redard, il n'y a pas de quoi crier ; voici beau temps que le bonhomme n'est plus qu'un fabricant ; ses livres ne sont guère qu'articles de librairie ; et quelque pitié nous viendrait, même, de vous voir dépenser de la belle encre et du beau papier à seule fin de prouver qu'il retape ses œuvres juvéniles, si nous ne soupçonnions pas derrière vos grands gestes une bonne grosse fumisterie de Suisse et d'académicien. — Enfin, sans rancune, voulez-vous? Et brûlons du sucre.....

C. Mki.  


 Roi de théâtre, par Georges du Vallon (Savine). ― Œuvre très morale, mais l'alliance franco-russe devient bien encombrante, littérairement parlant.

Z.  


  Nos frontières de l'Est, par G. Démassue (Vesoul, J. Moiteret). — Considérations géologiques et stratégiques, détails sur les fortifications élevées de Dunkerque au Jura. L'intérêt de cet opuscule n'échappera point quand nous aurons dit que l'auteur a pleine confiance et qu'il démontre en ses quarante-cinq pages que tout est prêt pour le massacre.― Ces choses-là vous mettent « du baume dans le cœur » ; mais y allons-nous une bonne fois ? Pour plus de renseignements, consulter Le Joujou patriotisme (Mercure de France, avril 1891) ; — M. de Gourmont a parlé pour nous tous.

C. Mki  


 Fleurs de Caprices, par Henri Fuzeré (Vanier).— Le petit recueil affriolant que vous pensez. M. Fuzeré — qui fera certainement mieux un de ces jours — nous parle de son cœur et de ses maîtresses (oh ! ces jeunes gens !) ; il dit du bien de la nature et de la Parisienne, (puis dans mon cœur te sacrant ma déesse ; j'en eusse fait, je crois, ma reine, ma sultane ; de sa beauté j'ai dû subir la loi). De ci, de là, des cheveux blonds, une matinée d'hiver, la valse des baisers, des fleurs dedans Paris écloses, le Sultan excité, les premiers feux du jour; le papillon fantastique et volage, loin de la terre est leur séjour, etc...
 Celui qui n'a jamais commis de méchants vers lui jettera le premier trognon; passons l'éponge en pardonnant à l'auteur qui n'a pas eu le courage de l'auto-da-fé, — et citons seulement cette strophe polissonne :

Et dans sa course vagabonde
Un caprice fou me fit voir
L'amour dans un très grand œil noir
Encadré de chair rose et blonde.

 M. Fuzeré a beau nous dire qu'il a la lune triste, ces choses-là, habituellement, se mettent en latin.

C. Mki.


 (1) Aux prochaines livraisons : Un Volontaire de 1892 (Jean Lombard) ; Vitraux (Laurent Tailhade) ; L'Aube Russe (Pouchkine, trad. par B. Tseytline et E. Jaubert) ; Les Ventres (Paul Pourot) ; Thulé des Brumes (Adolphe Retté) ; Les Trains-éperons (Paul Masson) ; « Bonne-Dame » (Edouard Estaunié) ; Pour la Gloire (Hippolyte Buffenoir) ; Sanglots d'extase (Michel Abadie) ; Premiers Poèmes (George Suzanne) ; L'Elite (Paul Radiot) ; L'Action et le Rêve (Georges Servières) ; Apôtre (Louis-Gastyne) ; Autour du Mystère (Gaston Dujarric) ; A la bonne franquette (Gabriel Vicaire) ; Le Voyageur enchanté (Nicolas Lieskoff, traduit par. M. Victor Derely) ; et les livres annoncés déjà.
_______________________


CHOSES D'ART

 Le nouveau directeur des Beaux-Arts, M. Roujon, a été salué par la presse de bénédictions anticipées qu'il justifiera, — nous le savons. Et même, il nous est possible, dès aujourd'hui, de dévoiler une partie du plan de ce fonctionnaire — enfin ! — rigoureusement révolutionnaire. Dans le courant du mois de janvier, vers le 15 (si nous sommes bien informé), une large bande de toile apparaîtra au fronton du provisoire palais où sont logées — en garni — les ironiques gloires de l'art moderne (école française, avec garantie du gouvernement), et sur cette toile les passants, les visiteurs et même, s'ils savent encore épeler, les sénateurs, pourront lire, avec quelle joie ! ces mots : Fin de Bail. — Liquidation. — Rabais ! — Rabais!! — Rabais !!!
 La vente aura lieu sur les lieux mêmes, sous la direction de Me Escribe, commissaire-priseur (nous sommes précis) et avec le concours des plus éminents experts ; M. Larroumet a accepté, avec un dévouement dont l'art lui saura gré, les délicates fonctions d'aboyeur.
 Avant les enchères publiques, quelques acquisitions, seront faites à l'amiable. Ainsi nous croyons pouvoir affirmer que le Hure Museum de Chicago s'assurera la possession du Meissonier Napoléon III à Solférino. D'autre part, la ménagerie Pezon a fait des offres sérieuses pour l’Âge de pierre de M. Cormon et le Cirque Corvi pour les vainqueurs de Salamine, du même. Nous croyons également que la brasserie de la dernière Cigarette (patriotisme et galanterie) ne laissera pas échapper le Rêve de M. Detaille.
 Quant aux statues, dont la vente serait difficile et de nature peut-être à déprécier le prix du mètre cube de marbre, M. Roujon a spirituellement décidé qu'elles seraient réparties

avec intelligence dans les sites les plus pittoresques de la forêt de Fontainebleau.
 Seules une dizaine de toiles (Manet, Puvis, G. Moreau, Ribot, etc.) et quelques marbres (les Rodin, etc.) seront conservés et formeront le noyau du nouveau musée, qui sera immédiatement constitué avec le produit de la vente. M. Roujon compte acquérir (c'est même déjà fait, — conditionnellement) les œuvres principales de : Manet, Puvis de Chavannes, Rodin, Gustave Moreau, Whistler, Carrière, Gauguin, Odilon Redon, Degas, Cézanne, Claude Monet, Monticelli, Van Gogh, Pissaro, Sisley, Renoir, Félicien Rops, Forain, Chéret, Raffaëlli, Rodin, Baffier, Henry Cros, Seurat, enfin de tous les peintres et sculpteurs modernes ayant du talent, de la personnalité, et même (voyez quelle audacieuse innovation !) du génie. Quelques coins pas trop éloignés des cimaises seraient, en outre, dans les salles du nouveau musée, réservés à des artistes plus jeunes, dont les intéressants essais auraient, assure-t-on, enthousiasmé M. Roujon, et le catalogue porterait les noms d'Henry de Groux, Anquetin, Lautrec, Seruzier, Bernard, Bonnard, Luce, Ranson, Denis, Vuillard, Schuffnecker, Filiger, etc.
 Enfin ! nous pourrons donc bientôt nous promener sans nausée dans les salles du Luxembourg, y admirer les vrais maîtres d'aujourd'hui et de demain ! Remercions et félicitons M. Roujon. C'est peut-être pour une œuvre pareille, pour le nettoyage d'un pareil musée, que les grecs ont inventé le mythe d'Hercule travaillant dans les écuries d'Augias.

***

 Une indiscrétion. Le peintre Henry de Groux travaille en ce moment à un tableau intitulé les Vendanges, dont il nous a été donné de voir l'esquisse : c'est l'Octobre d'un peuple. Les raisins sont bons à cueillir. Les idées que des maîtres stupides ont cultivées dans l'âme de la plèbe sont mûres. Il n'y a plus de Dieu. Il n'y a plus de foi. Il n'y a plus de chimères. Il n'y a plus de devoir ni d'idéal. Jouir, voilà tout. Alors la plèbe a voulu jouir, et elle s'est ruée sur les maîtres d'hier, sur les maîtres stupides, avec des hurlements de massacre, et ce sont les vendanges, les rouges vendanges, et, de ses pieds triomphants, elle foule, elle piétine les bonnes grappes humaines, buvant à plein cou, se saoûlant du sang-doux qui en coule. Mais voilà qu'en cette sauvage tuerie a commencé de serpenter une procession sinistre dont les bannières sont des potences, où se balancent avec d'immondes animaux qui les symbolisent les cadavres des abhorrés tyrans de la veille... En février, nous a-t-on dit, sera parachevée cette sanglante tragédie.

***


 A voir :

Chez Boussod et Valadon : Le Portrait de ma mère, de Whistler. On connaît ce chef-d'œuvre, qui fut exposé dans je

ne sais quel salon d'hier. C'est peut-être le plus beau portrait qui [fu]t jamais peint depuis Velasquez et le Titien. On devrait, malgré toute loi et tout règlement, accrocher immédiatement une toile comme celle-là dans le salon carré du Louvre, à côté de l'Infante Marguerite. Aura-t-on même esprit de la faire entrer au Luxembourg ?!!!...
 Sur les murs : les affiches de Scaramouche et du Casino de Paris, par Chéret.
 Chez Diot : ( rue Laffitte, 43) une superbe peinture de Daumier.

G.-A. A.


─────────────

ÉCHOS DIVERS ET COMMUNICATIONS

─────
 M. Laurent Tailhade vient de faire paraître chez Léon Vanier, en édition de luxe, quinze poèmes extraits de : Sur champs d'or, volume en préparation, et qu'il a réunis sous ce titre : Vitraux. — Tirage à 500 exemplaires numérotés, sur papier de Hollande. — Nous reparlerons de ce livre dans notre prochaine livraison.

 M. Remy de Gourmont achève un roman : Le Fantôme, qui paraîtra en librairie au printemps.

 La Bibliothèque Artistique et Littéraire (31, rue Bonaparte) publie le septième ouvrage de sa jolie collection : Thulé des Brumes, légende moderne en prose, par M. Adolphe Retté. — Tirage à 312 exemplaires numérotés, dont 12 sur Japon, à 20 fr., et 300 sur simili-Japon, à 3 fr. Chaque volume contient le portrait à l'eau-forte de l'auteur, par Meyer. - Le prochain livre qu'éditera la Bibliothèque Artistique et Littéraire est de notre collaborateur Edouard Dubus : Quand les Violons sont partis.

 M. Jules Renard, l'original humoriste des Sourires pincés, corrige les épreuves d'un roman : L'Ecornifleur, qui va paraître à la librairie P. Ollendoff.

 Le Magazine Français Illustré prépare un remarquable numéro de Noël, qui contiendra, outre les illustrations ordinaires, huit gravures inédites en couleurs signées Duetz, J-P. Laurens, Olivier Merson, de Penne, Popelin, Rochegrosse, etc., et des articles également inédits de Jules Claretie, marquis de Cherville, François Coppée, Camille Debans, Charles Diguet, Anatole France, Judith Gautier, Gyp, Napoléon Ney, Edouard Plauchut, Rabusson, Armand Silvestre, André Theuriet, etc.; poésie avec musique de Mme Augusta Holmès. - Ce numéro, donné en prime aux abonnés, sera envoyé franco contre 2 fr. en timbres-poste adressés au Directeur du Magazine Français Illustré, 45, rue Laffitte.  Salle Duprez, le 9 novembre, au cours d'une soirée artistique, l'inoubliable créatrice au Théâtre Libre de la Fille Elisa, la toute charmante Eugénie Nau, a rnerveilleusment interprété le Pélerinage de Sainte-Anne, de notre collaborateur Saint-Pol-Roux. — Enregistrons ce lever d'étoile « magnifique ».

 De la Bataille Littéraire : — « Le poète Louis Le Cardonnel, fixé à Paris depuis quelques semaines, prépare pour bientôt un volume de vers. »

 Dans l'Ermitage de novembre, remarquable article de M. Adolphe Retté : Considérations sentimentales à propos de « Sixtine. »

 Le Théâtre d'Art annonce pour le 7 décembre sa première représentation de la saison. Au programme : Les Aveugles, de M. Maurice Maeterlinck ; un intermède ; Théodat, un acte en prose de M. Remy de Gourmont ; Le Concile Féerique, de Jules Laforgue ; Le Cantique des cantiques, adaptation de M. P.- N. Roinard et de Mme F. de Labrély.

 Voici reparaître la Revue Blanche (19 rue des Martyrs. - Un an : 7 fr.; le n° : 60 cent.), avec M. Alexandre Natanson pour Directeur, et au Secrétariat de la Rédaction M. Lucien Muhlfeld. Cette nouvelle série, format in 8° carré, 61 pages, se présente le mieux du monde, aussi bien au point de vue littéraire qu'à celui de la typographie. Nous parlerons bientôt plus longuement de cette intéressante publication sous notre rubrique Journaux et Revues, supprimée du présent numéro.

 Nous ne pouvons également que signaler aujourd'hui la naissance, en Belgique, d'un nouveau périodique dirigé par M. Franz Foulon, la Revue Flamande de Littérature et d'Art (in-8° Jésus, typ . très soignée. — Editeur : J.-B. Schaumans, rue Dethy, 74, Bruxelles. — Un an : 16 fr ; le n° 1 fr. 50).

 Le Passant, de Marseille, a transformé son format et son mode de publication : il paraît maintenant avec des illustrations et dans le format des journaux illustrés, sous une couverture de couleur. Le premier numéro transformé s'ouvre par — signée Maurice Barrès — une Lettre au Passant, sur la tâche qu'il a entreprise.

 Par contre, les Echos de l'Anjou, jusqu'à présent l'une des plus vivantes revues littéraires départementales, deviennent un journal hebdomadaire (le n° 5 cent).

 Nous rappelons qu'à partir de notre prochain numéro le Mercure de France paraîtra en livraisons de 96 pages ; il formera dans l'année trois volumes d'environ 400 pages chacun. Les prix seront ainsi modifiés : la livraison : 1 fr. — abonnements : France : un an : 12 fr., six mois. 7 fr.; — Union : un an : 14 fr.; six mois : 8 fr. — Ceux de nos souscripteurs qui renouvelleront leur abonnement avant le 20 décembre bénéficieront de l'ancien tarif.

PETITE TRIBUNE DES COLLECTIONNEURS

───────

 on achèterait:
Maurice Barrès : Une heure chez M. Renan (éd. or. br.)
Villiers de l'Isle Adam: Morgane. — Elen. — L'Amour suprème. — Premières Poésies (éd. or. br. prop. et sans dédic.)
Jules Laforgue : Derniers vers (in-4° br.)
Tristan Corbière : Les Amours Jaunes (éd. or. br.)
Adoré Floupette : Les Déliquescences, av. préf. (br.)
J.-K. Huysmans : A Rebours (éd. or. Holl. ou Jap. br.) — Croquis Parisiens, av. eaux-fortes de Forain (éd. or. br.) — Le Drageoir à Epices (éd. or. br.)
A. Bertrand : Gaspard de la nuit, front. de F. Rops.
F. Vielé-Griffin : Les Cygnes (éd. or. br. s. déd.)
Paul Verlaine : Sagesse (éd. or. br. s. déd.)
Henri de Régnier : Apaisement. — Les Lendemains (éd. or. br. s. déd.)
Guy de Maupassant : La Maison Teillier (éd. or. ou Holl. br.) — Histoires du vieux temps, scènes en vers, plaq. in-8° 1879 (br. s. déd.)
Pierre Loti : Mon Frère Yves. — Fleurs d'ennui (éd. or. ou Holl. br.) — Azyadé. — Le Mariage de Loti. — Le Roman d'un spahi (éd. or. br.)
Carmen Silva : Le Pic aux Regrets, plaq. in-4°, 1884 (br.)
Revue Contemporaine (Dir. Remacle) : n° 4 du t. IV, n° 1 du t. V.
Revue Indépendante : Coll. Dujardin comp. en num.
    Nos 23, 25, 26.
Art et critique : Coll. comp. en num. (au-dessous de la cote).
    Nos 1 à 20 et 22 à 35 et n° 46.
Mercure de France : 3 ex. n° 1 (à 1 fr. 50) ; 3 ex. n° 19 (à 1 fr.).
Odilon Redon : Dans le Rêve (Album).
Gustave Doré : La Sainte Russie.

on vendrait:

Un exemplaire de Quatre Poèmes d'Opéra, par Richard Wagner (Paris, Bourdillat, 1861. - Tr. prop. demi rel. maroq. rouge, tranches dor., av. les couv., mais rogné)  50 fr.
Fèvre-Desprez : Autour d'un clocher (ouv. saisi, ep. éd. or.)   5 fr.
Soirées de Médan (Charpentier, 1890, in-8° écu. Av. les portraits saisis)  10 fr.
Pierre Infernal : Les Gouailleuses (Vanier, 1882. Imp. du « Gulliver ». — couvert. écornée)  3 fr. 50.
J. Barbey d'Aurevilly : L'Amour impossible (Bourdillat, 1859. Ed. or., Etat médiocre)     6 fr.
Diderot : Exemple singulier de la vengeance d'une femme, conte moral. Ouvr. posth. de Diderot (Londres, 1793). Ignoré des derniers éditeurs des Œuv. comp. L'un des quatre exemplaires connus (Stockholm, Londres, M. Sardou). Br. complet.  35 fr.
Paul Adam : Chair molle (éd. or. ép. — Couv. changée).
T. de Wyzeva : Stéphane Mallarmé, Notes (1886).
La Vogue : 3 vol. en num.  35 fr.
   T. IV, I889, 3 num.  5 fr.
Mercure de France (coll. comp. en num. Rare. 24 fasc. form. 3 vol.  30 fr.
Lutèce : 37 num. divers.
Le Courrier de la Saison (2 num.) et Le Paillasson (3 num.) de Laurent Tailhade, le tout form. coll. comp. (tr. rare)  20 fr.
Le Décadent (sér. journ. 1886) num. 14 et num. 23 à 35.
La Plume (1890-1891) : 18 num. divers.
La Revue Indépendante, Dir. Dujardin. les 26 num., dont 12 (1888) reliés en 4 vol.  20 fr.
La Revue Indépendante (1889-90, en part. br.) : 12 num. div.
La Décadence (coll. comp., détr. et intr.) : 4 num.
Le Scapin (sér. journ. comp., détr. et intr.) : 18 num.
    (sér. rev. comp. en num.) : 9 num.  1 fr. 75
Paris Illustré (anc. sér) 61 num.  35 fr.
La Parodie (A. Gill, journ. ill.)  25 fr.
La Jeune France : 48 num. div.  5 fr.
La Revue du Monde Latin : 42 fasc. div.  6 fr.
La Revue de France : 103 fasc. div.  20 fr.
La Revue Britannique : 89 fasc. div.  15 fr.
La Revue Alsacienne : 74 fasc. div.  10 fr.
 Au Mercure de France, le mardi, de 3 à 6 heures, ou par correspondance. — En sus des prix marqués, frais d'expédition et, s'il y a lieu, de recouvrement.

Mercvre.


Outils personnels