Musique juillet 1892

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Mercvre, « Musique  », Mercure de France, t. V, n° 31, juillet 1892, p. 281-282.




MUSIQUE

 Le mois dernier à la salle Pleyel, l'admirable quatuor Ysaye a donné quatre séances de musique de chambre. Elles étaient consacrées à des œuvres de compositeurs français modernes. Dans la première, nous entendîmes le quatuor à cordes de Castillon, œuvre imparfaite, où pourtant se retrouve, en maints endroits, le haut artiste qu'était Castillon, et où il y a un morceau d'une forme bien curieuse: c'est celui où s’enchevêtrent l'andante et le scherzo. De Castillon également l'on nous donna le quatuor avec piano : là, point d'imperfection, l’œuvre est puissante et belle. A la même séance fut joué le Concert pour piano, violon et quatuor à cordes, de M. Ernest Chausson, qui, peu auparavant, avait été exécuté pour la première fois à la Société Nationale. C'est une œuvre très heureusement venue, très délicate et très charmante, et dont la Sicilienne est d'une incomparable séduction.
 La seconde séance fût pour des œuvres de M. Vincent d'Indy; en y joua son quatuor avec piano, dont la Ballade est si émouvante, et son quatuor à cordes, oeuvre superbe, et d'un grand maître.
 M. Gabriel Faure eut pour lui la troisième séance, que remplirent ses deux quatuors, si élégants, si légers, si tendres. Enfin, pour clore cette belle série, le quatuor Ysaye nous fit entendre deux chefs-d'œuvre du plus admirable des maîtres français, le quatuor et le quintette de César Franck.
 En somme, ces quatre séances furent une joie; et, alors que les critiques, en leur outrecuidance, proclament M. Reyer chef de l'École musicale française et que la foule applaudit sa lamentable Salammbô, nous avons pu, une fois de plus, y constater qu'il y a chez nous de vrais musiciens et de purs artistes.

A.-F. H.


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