Nuit d'été

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Ernest Raynaud, « Nuit d'été », Mercure de France, t. I, n° 12, décembre 1890, p. 435.


NUIT D'ÉTÉ


 L'ample étendue est bleue et d'or de tous côtés ;
 Sa cuisse nue et son beau torse de héros
 Opposent leur albâtre aux pourpres exaltées
 Des rubis, dont palpite auprès le « brasero ».

 Le basilic fleurit à ses deux mains croisées,
 Et, palpitante comme un cœur au haut des piques,
 Sa lèvre unit, pour la prière et les baisers,
 Tout le sang du Calvaire aux roses de l'Attique,

 Ce col blanc, que Nisus aimait chez Euryale,
 Ploie un peu sous le faix du front impérial,
 Où s'alanguissent les miels blonds du doux Jésus.

 Si l'Ange se révèle au geste qu'est le sien,
 Toute la Bête vit au fond des yeux païens.
 Langueurs ! qui mieux, d'Éros ou de Jésus, vous eut ?

Ernest Raynaud.

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