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 Elle le suppliait, pleurante, avec des hoquets, le dominant de tout son buste de géante, et sa voix, pauvre et honteuse de se faire entendre, semblait une voix amincie entre ses dents comme par un laminoir.
 — C'est honnêtement parlé, dit Monsieur Gaillardon.
 Il lui prit les deux mains et les serra avec vigueur. Elle se laissa faire, apparemment sans rancune, tant elle trouvait simple que la chance, un moment égarée de son côté, reprit le bon chemin pour aller ailleurs, vers les autres. Madame Repin céda la première.
 — Si elle n'y tient pas, faut pourtant pas la forcer !
 — Possible, elle est libre. Mais on ne peut toujours pas donner sa sœur à ce monsieur dont tu ne veux point, dis-voir, Marie ?
 — Oh ! moi, répondit Marie, ça m'est égal. Faites comme vous voudrez, comme ça vous fera plaisir à tous.
 — Sûrement, dit Madame Repin, si ce monsieur s'en retourne chez lui les mains vides, on va causer.
 Monsieur Gaillardon approuva.
 — Voyons, mon cher papa !
 — Connu, dit Monsieur Repin, On ne prend pas les mouches avec du vinaigre, mais je ne veux pas encore donner dans le panneau ; et, pour commencer, faites-moi le plaisir de ne point m'appeler : « cher papa », du moins, avant d'avoir tout réglé convenablement et solidement, cette fois. Voyons, parlons franc et le cœur sur la main (il levait et étendait sa main à hauteur de menton, les doigts joints, la paume en creux, comme si son cœur allait sauter dedans), c'est bien ma fille cadette, Marie, la brune âgée de vingt-deux ans, que vous me demandez en mariage ?
 — Tout juste.
 — Je vous la donne, mais vous allez me signer un papier comme quoi, si vous changez encore une fois d'idée vous me donnerez une paire de bœufs, des bœufs fameux, oui-da, des bœufs de mille.
 — Soit, c'est dit.
 — Alors donc, adjugée la cadette.
 De nouveau, leurs têtes chauves se rapprochèrent, leurs mains s'étreignirent et leurs visages se rassérénèrent comme des ciels.
 Puis Marie embrassa sa grande sœur Henriette, et à son tour pleura.
 — Ma pauvre sœur, quand j'y pense ! écoute, va, tu peux être sûre que je n'y pensais pas. Qu'est-ce que vous voulez, on pourra dire que si je me suis mariée avant toi, je ne l'ai pas fait exprès.

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