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À Louis Dumur.
Les voici tous les deux, les pauvres ferrailleurs,
L'un à l'autre accolés pour l'éternel combat ;
Esclaves ennemis que les destins railleurs
Condamnent à porter le faix d'un même bât.
L'un butte aux vices égaillés en tirailleurs
Tout le long de la vie et rêve de Sabbat,
Mais l'autre, dans l'espoir de rivages meilleurs,
Se macère en l'exil d'un pieux célibat.
Chacun d'eux cependant aux ronces s'ensanglante,
Et, baisant du chemin la poussière aveuglante,
À ce trop long tourment réclame un peu de trêve.
Et sur le soir, sentant leur Passion s' accroître,
La Chair au lupanar et l'Âme au fond d'un cloitre,
Essayent d'apaiser l'inapaisable Rêve…
Jean Court.