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sur son excellence, noyées dans une grande amertume et une infinie tristesse. Dût ne jamais advenir cet instant d'auto-investigation, la duperie de s'être imaginé vertueux n'en contribue pas moins au désenchantement du naïf, du sot, de l'inhabile et de l'aveugle. S'estimant, ceux-là, essentiellement bons, selon le dogme révéré de leur jeunesse, et condescendant à peine à se reconnaître quelques anodins défauts, ils voient nécessairement l'humanité à travers la conception qu'ils ont d'eux : quel sera leur effarement une fois hommes, alors qu'il faut s'agiter dans la mêlée malpropre ! Car, parfaitement inaptes à s'approfondir, ils ne sauront qu'être très clairvoyants en ce qui touche le voisin, parce que le voisin, à lui présumer d'identiques défauts et à égale dose, se manifeste différemment. Cela, d'ailleurs, ne le conduira point à l'hypothèse qu'eux-mêmes sont défectueux, et continuant par un leurre naturel, à se croire bons, ils ne peuvent que se former une bien affligeante idée de leurs semblables.
 On a dit que certains romanciers causent plus de ravages avec leur faux idéal que n'en provoqueront jamais les tableaux de mœurs et les analyses, si brutaux et si poussés qu'ils soient, de telle école moderne. De même la philosophie courante avec son idéal bêta : venu le moment de l'examen personnel ou de la simple pratique du monde, l'humanité apparaît plus vicieuse et la vie plus laide de tout ce qu'on les a conçues trop vertueuse et trop belle.
 Ces constatations décevantes, en bonne logique, sont autant de voies ouvertes au fameux « mal du siècle ». Il serait puéril, à la vérité, de lui assigner cette unique source; toutefois, en souffririons-nous au même degré si nous n'avions peu ou prou écouté la spécieuse leçon que j'ai dite ? Pour combattre le désastreux ennemi, et dans l'angoisse désespoir tout proche, nous prierions certes qu'on nous aide — si nous savions qui l'on implore ; mais la faillite de Jehovah est avérée, la Nature est mauvaise conseillère, l'homme est un loup pour l'homme ; de quelque côté que nous nous tournions, c'est, tracé en hiéroglyphes de cendres, le formidable NIHIL. Alors, comme il faut vivre, nous nous résignons à ne compter que sur nos propres forces, et nous opposons à la désolante et universelle négation cette affirmation résolue : MOI.

 Mais ce pauvre moi, au total, est-il si haïssable, et n'est-ce point l'erreur de nos hypocrites civilisations d'y voir un abominable vice ? — Si, par un leurre inhérent à notre nature, nous nous attribuons, sans la gagner,

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