Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 001 1890 page 121.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 001 1890 page 121.jpg

De MercureWiki.



ne trouvait dans l'œuvre de chair, en dehors du mariage, que crime et perdition. Elle voulait surprendre son fils en pleine débauche, le nez sur la chose, et, après l'avoir corrigé (car elle le voyait encore tout petit, en culotte fendue, la porte grande ouverte aux fessées), lui faire honte de sa conduite, et le ramener à la ferme par l'une et l'autre oreilles, alternativement. Ensuite elle était jalouse comme mère. Enfin elle voulait regarder en face l'amoureuse, et, au moyen d'habiles coups doubles, lui distribuer, à elle aussi, sa part de gifles.
 Dès que Pierre était sorti, elle prenait son parapluie, même aux plus beaux soirs, et sa lanterne grillée, sans laquelle elle n'allait jamais dehors, la nuit venue, et tâchait de le suivre. C'était impossible. En effet, grâce à ses longues jambes, Pierre la distançait sans peine, et, plein de méfiance, rusait, compliquait les détours. Elle le perdait rapidement de vue, devait revenir, irritée et maligne, mais non découragée. Leroc et les deux sœurs dormaient déjà, tous les trois dans la même chambre. Pierre couchait à côté, dans l'écurie, tout près des bêtes. On pouvait l'entendre rentrer en collant son oreille au mur. Depuis quelque temps, c'était à croire qu'il ne rentrait pas du tout. Ayant enjambé son homme, coulée dans la ruelle, la Griotte, étendue sur le dos, son chapelet entre ses doigts, écoutait de ses deux oreilles. Mais rien ! pas un bruit de loquet ! Bientôt, sommeillante ; elle aurait été incapable de faire une différence entre un claquement de porte et la chute coupée et lourde d'une grosse bouse de vache. Il lui fallait accrocher son chapelet à la croix du bénitier, et s'endormir tout à fait.
 Un soir, elle eut une grande surprise. Vite déroutée par la disparition brusque de Pierre à un pan de mur, elle s'en revenait à la maison, lentement, toute triste. Elle entendit des pas qui la suivaient. On semblait avancer avec précaution. Elle se cacha derrière un arbre. Une ombre la frôla. C'était son fils. Comment, si tôt ? Elle prit sa piste, et prudemment l'épia. Il alla droit à l'écurie, en évitant de marcher sur les pierres craquantes. Il mit ses sabots dans ses mains, et il poussait la porte avec douceur quand elle lui frappa sur l'épaule.
 — Tu ne l'as donc pas trouvée, ce soir ?
 Il parut étonné.
 — Tiens, tu n'es point couchée !
 Comme elle ne répondait pas, il reprit avec hauteur :
 — Non, je ne l'ai pas trouvée.
 — Tu l'avoues donc, tu cours après elle tous les soirs !

Outils personnels