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Paraventure arrivera-t-il un temps que, sur le moule de ce que dessus, quelques-uns s'estudieront de former leur poésie. »
M. Dumur est venu confirmer cette prévision par son exemple. A-t-il eu raison ? A-t-il eu tort ? - Nous le verrons tout à l'heure. Quoi qu'il en soit, il lui a fallu quelque hardiesse pour n'hésiter point dans entreprise : le peu de succès de ses prédécesseurs était bien propre à le décourager.
Tous, d'accord sur ce seul point : que le vers devait avoir pour base là longueur ou la brièveté des syllabes, étaient-en parfaite hostilité sur tout le reste, et en particulier sur ce point précis de savoir : quelle syllabe était longue et quelle autre était brève ; quelle était tonique et quelle était atone.
Au sujet de ces vers de Claude Butet :
Pasquier écrit : « En ce premier couplet, vous trouvez deux fautes notables. L'une qui fait l'e féminin long par la rencontré de deux consonantes qui le suivent : en quoy il s'abusoit, parce que cet e n'est qu'un demy son, que l'on ne peut aucunement rendre long ; l'autre : que quand cet e tombe en la fin du vers, il n'est point compté pour une syllabe comme il a voulu faire. »
La peur d'une semblable discussion sur son œuvre future aurait fait hésiter un poète moins' innovateur que M. Dumur. Un autre, tout en convenant qu'on peut assembler de beaux vers ïambiques et anapestiques en français, aurait peut-être été retenu du souci d'en écrire, arrêté par la difficulté de préciser sûrement la qualité tonique ou atone des syllabes constitutives de ses mots, ses devanciers l'ayant déterminé chacun à sa manière.
Notre collaborateur ne s'est point embarrassé pour si peu. Il a, dans la note-préface de La Néva, donné une règle infaillible pour résoudre toute difficulté.
« L'accent tonique, dit-il, se place en français