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que l'homme ne saurait être le dispensateur d'aucun plaisir et que la femme seule connaît les ressorts secrets d'une chair de femme. Zaël, désormais, les laissa s'amuser entre elles et corrompre à leur aise un jeune et divin petit eunuque qu'il leur avait choisi comme joujou.
 Dans un café, au milieu des fumeurs d'asium, des joueurs d'échecs, des dormeurs, un mollah prêchait, ensuite faisait la quête. Tout à coup, se dressant de même qu'un songe, un derviche lançait, d'une puissante voix de hurleur, un aphorisme sur la vanité du monde, retombait dans ses prières. Le poète conteur, qui commençait l'histoire de Mouça chez les Pharaons, fut interrompu par une troupe de danseuses. Elles roulaient des ventres nus, au nombril peint d'une fleur obscène, et, quand les jupes glissaient sur les cuisses, leur sexe épilé faisait songer à de grandes fillettes impubères et lascives. Calmées, quelques-unes et quelques turbans disparurent vers le fond du café ; mais la luxure allait aux jeunes Circassiens qui apportaient les narghilés et les tasses avec de languides allures : à chaque instant le service s'interrompait, toute cette jeunesse étant en proie, dans les salons secrets, à de lucratives émotions.
 Zaël, qui voyageait pour s'instruire, ne résista pas à la curiosité de sa race, mais ces jeunes complaisants joignaient la rapacité de la gueuse à la niaiserie de l'enfance : c'étaient des joies vraiment désolantes, vraiment trop évocatrices du Sahara, où, pérégrins maudits, nos désirs fantômes ne joignent que des spectres. Il eut d'autres désillusions, il les eut toutes, car il acheta tout : il fut cazy, il fut mocaïb, il fut vakanevis, il fut daroga, il fut vizir, il fut chef des Porte-flambeaux « par l'ordre exalté et inexprimable du Très-Haut et Très-Saint Seigneur, vicaire de Dieu ».
 Huit jours après, reprenant son état de philosophe libre et obscur, il écrivait à Yezid
 « La vie ne contient rien. Le silence même est inutile. Relève-moi de mon vœu. Je veux pouvoir dire aux hommes que je les méprise. »
 « À quoi bon ? répondra Yezid. Ils le savent, mais tout leur est indifférent, hormis la jouissance. »
 Il n'envoya aucun messager vers Tauris.
 Le ciel du soir s'alanguissait, là-bas, de fumées amarantes. Zaël traversa les faubourgs : de rouges ziégaris sommeillaient adossés au mur d'un corps de garde, et la pointe bleue de leurs bonnets s'inclinaient, semblait saluer les passants. Partout, rasant le sol, comme un flot, cou-

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