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Sur tes cheveux, flots indulgents couleur de soufre,
Où rôdent des parfums graves d'héliotrope,
Ainsi que sur un Océan berceur, oh ! souffre
Que navigue mon Cœur, loin des golfes d'Europe.
Le rhythme lent et câlineur des blondes vagues,
Leurs effluves doux comme une brise d'automne,
Berçant mon Cœur, lui chanteront des chansons vagues
Sur un vieil air, un air très vieux !...Si monotone !…
Et cela calmera le désespoir, sans doute,
Des Squelettes hurleurs et des avides Faunes
Dont les pleurs, ruisselants et sanglants, goutte à goutte,
Voudraient tomber, chère Toison, dans tes flots jaunes....
Mais tu n'as point pitié du navire qui souffre,
Et qui rêve s'enfuir loin des golfes d'Europe !....
Et voilà que tes beaux cheveux, couleur de soufre,
Hélas ! grisent, déjà, le parc, d'héliotrope !....
G. Albert Aurier.