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BAUCIS ET PHILÉMON

I


 Le vieux dit :
 — Bique, qu'est-ce que nous allons devenir, maintenant ?
 — Mais, répondit la vieille avec une douceur pateline, n'avons-nous plus le sou ?
 — Ne le sais-tu pas ? reprit le vieux au teint de coquelicot fané. Mange-t-on de la viande sans la payer, et se larde-t-on pour rien ? Non, nous n'avons plus le sou.
 C'était vrai. Le vieux avait mal fait ses calculs. Il s'était dit : « Les cinq mille francs que j'ai économisés comme tâcheron, au lieu de les placer, ce qui serait bête, puisque je n'ai pas d'enfants, je veux les partager en dix parts. Mettons que j'aie encore dix ans à vivre ; c'est tout le bout du monde. Avec cinq cents francs par an, nous serons princes. Et puis ma vieille bique mourra avant moi, pour sûr, et si elle meurt après, tant pis pour elle ! »
 Il fut bien surpris, quand il tira, du fond d'une vieille feuillette où il cachait son argent, sa dernière pièce. Et ni l'un ni l'autre n'était mort, pas même la vieille. Mais c'est à elle qu'il s'en prenait, honteux de son imprévoyance.
 — Oh ! tu n'en as plus pour longtemps, dit-il. Ça serait trop drôle, si tu ne crevais pas la première. Seulement, il faut tout de même nous arranger jusqu'à la fin.
 — Faisons comme tu voudras, mon vieux, dit la vieille humble et sournoise.
 — Naturellement qu'on fera ce que je voudrai, chamelle, reprit le vieux. Voilà : avec de quoi acheter le pain de la soupe à l'eau, il nous reste encore la vigne et le petit champ de pommes de terre. Je ne veux pas les vendre ; ça vient du père, et c'est sacré comme la maison. Moi, je ne suis pas difficile à nourrir. Je prends la moitié de la soupe et le vin. Et toi, qu'est-ce que tu prends?
 — Alors, moi, je prends l'autre moitié de la soupe et les pommes de terre, dit la Vieille.
 — Mâtin ! tu gardes la belle part. Heureusement que j'ai perdu l'appétit. Vas-tu t'empiffrer, bougresse !
 — C'est le cochon le plus gras qu'on tue d'abord, remarqua la vieille, le bon Dieu va bientôt me rappeler.
 — Le diable t'entende, jument !

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