Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470

Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 001 1890 page 328.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 001 1890 page 328.jpg

De MercureWiki.


qu'il suit, et sans en savoir le nom. D'ailleurs, ce titre d'illustrateur, qui peut être infamant lorsqu'il s'agit d'un Bayard, d'un Meyer et de leurs banalités industrielles, ne saurait être qu'élogieux lorsqu'on parle d'un grand poète romantique tel que Doré, ou d'un grand artiste réaliste tel que Raffaelli.

 Comme peintre, en effet, comme coloriste, pourquoi ne pas l'avouer ? M. Raffaelli existe à peine.
 Sa palette est sale, boueuse, morose. Malgré de louables efforts vers le clair, ses toiles restent le plus souvent grises, veules, plâtreuses, souillées de lignes d'esquisses, de hachures noires qui pour être voulues n'en sont pas moins choquantes. Il ignore les réelles vibrations des ensoleillements, les mystérieuses colorations des ombres. Il n'a guère la science des valeurs. Trop souvent il ne sait différencier le solide des fluidités : je connais tel de ses tableaux où l'on marcherait sur le ciel avec plus de confiance que sur le terrain...
 Mais qu'importe ? M. Raffaelli, je l'ai déjà dit, est un illustrateur, et, comme tel, peut aisément se passer du don de la couleur. Ce qu'il lui faut, c'est plutôt la science de la composition, celle du dessin. Or, à ce point de vue, il n'a rien à envier à personne.
 La composition de ses moindres pochades, excellemment simple, naturelle, impressioniste, est presque toujours inoubliablement heureuse. Il sait se passer des clichés et des formules, se contentant du perspicace regarder de la réalité où, de soi-même, tout se compose. Aussi, ses profilements — bien que parfois ils manquent beaucoup de style — sont-ils en général, logiquement établis, caractéristiques, imprévus, amusants comme des apparitions trop vraies.
 Quant à son dessin, il n'est pas moins insigne. Il a la compréhension nette du caractère des choses, des êtres, des moindres silhouettes, avec une tendance à la déformation pessimiste, qui va parfois jusqu'à la caricature. On peut cependant lui reprocher de ne point toujours s'adapter à l'esprit des divers sujets, de rester canaille, populacier, alors que, manifestement, il faudrait devenir élégant, aristocratique. Par exemple, M. Raffaelli n'a jamais pu se résoudre à dessiner un pantalon qui ne fit sur les tibias du plus impeccablement correct gentleman des milliers de plis, rappelant les spires d'un tire-bouchons. Est-ce scepticisme exagéré, touchant l'habileté des tailleurs ? Est-ce le résultat de cette tendance au caricatural que je signalais ? Ne serait-ce pas plutôt parti-pris de singulariser sa facture, de s'enclore dans un procédé graphique une fois pour toutes défini ? Le dessin de M. Raffaelli, en effet, toujours très personnel, est souvent si bizarrement personnel, si extravagamment original, qu'on est quelquefois tenté de se demander s'il n'y a pas préméditation d'originalité, excentricité voulue, création de toutes pièces, en haine des vieilles formules, d'une formule autre, mais qui n'en est pas moins artificielle, comme toutes les formules.

Outils personnels