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belles, desquelles le cher emportait dans la tombe, avec nos regrets, les projets irréalisés.
 Pro-jets-ir-ré-a-li-sés.
 Ces syllabes me poursuivirent. J'en fus obsédé durant les discours, les « Adieu, notre ami ! » les « Dors en paix ! » les « Au revoir ! » les « Non, tu n'es pas mort ! » les « Tes témoins sont là ! » qui ruisselèrent avec l'eau bénite sur la terre fraîchement ameublie.
 Tandis que les autres s'en allaient, contents de la corvée accomplie, à leurs chroniques, à leurs feuilletons, à leurs poëmes, à leurs potins, à leurs romans, à leurs visites d'académie, à leurs drames, à leurs projets irréalisés, je m'égarai seul parmi les tombeaux avec la songerie vague encore qui m'enveloppait.
 — Il est donc enfin arrivé, le pauvre cher ! — pensais-je,
 Je savais plus d'un homme de lettres, comme lui, toi et moi, inhumé dans ce cimetière. — J'évitai leurs édicules. — De tous je savais les œuvres, et, de plus d'un, les desseins qui n'avaient pas vu le jour. Étaient-elles, ces idées dont la caresse encore future avait réjoui ces cerveaux vivants, étaient-elles inhumées avec les carcasses fragiles ? Qu'advient-il des projets irréalisés ? — Pensée des morts. Pensées des idées mortes. — Est-ce que les idées meurent ? Rêve, orgueil de créer en nous-mêmes, dans l'intimité secrète des évolutions de nos désirs, finis-tu là ? Amer plaisir de choisir, parmi nos fictions, les plus aimées, les plus belles, et de les porter en soi durant toute la vie — (en attendant ! en attendant quoi donc, hélas ! quoi ?) — pour les dire aux larves du cimetière ! Et pourtant, cette longue attente, ce pacte sous-entendu avec l'éternité, cette patience du génie qui ne saurait prévoir de fin, ayant oublié son commencement, n'est-ce pas le seul honneur qui vaille qu'on vive ? Misère du soin des jours à ne pas laisser couler vains, vides, sans appel aux races à venir, sans témoignage devant Dieu ! — Eh ! ma mort témoignera de moi ! (Que je puisse la choisir !)
 Douce pensée des morts, doucereuse absinthe, douceâtre en son amertume, que chrétiens et mahométans conseillent de humer tous les jours un peu, afin de nous préparer au terme d'une destinée humiliée à l'humus mortuaire, — douce pensée des morts…
 Si j'étais romantique (ô homme–de-lettres !), je soulèverais les pierres de ces sépulcres, au coup du crépuscule agonisant. On verrait de chaque tombe se dresser quelque

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