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 Ernestine dépouillait et plumait le gibier. Quant à Poil-de-Carotte, il était spécialement chargé d'achever les pièces blessées. Il devait ce privilège à la dureté bien connue de son cœur sec. Les deux perdrix s'agitèrent,remuèrent le col.
 — Qu'est-ce que tu attends pour les tuer ? dit madame Lepic.
 — Maman, répondit Poil-de-Carotte, j'aimerais autant les marquer sur l'ardoise à mon tour.
 — L'ardoise est trop haute pour toi.
 — Alors, j'aimerais autant les plumer.
 — Ce n'est pas l'affaire des hommes.
 Poil-de-Carotte prit les deux perdrix. On lui donna obligeamment les indications d'usage.
 — Serre-les là, tu sais bien, au cou, à rebrousse plume.
 Une pièce dans chaque main, derrière son dos, il commença.
 — Deux à la fois, matin ! dit monsieur Lepic.
 — C'est pour aller plus vite.
 — Ne fais pas donc ta sensitive, dit madame Lepic ; en dedans, tu jouis.
{{gap}Les perdrix se défendirent, convulsives, et, les ailes battantes, éparpillèrent leurs plumes. Jamais elles ne voudraient mourir. Il eut plus aisément étranglé une de ses camarades, avec une poignée de main. Il les mit entre ses deux genoux, pour les contenir, et, tantôt rouge, tantôt blanc, en sueur, la tête haute afin de ne rien voir,serra plus fort.
 Elles s'obstinaient. Pris de la rage d'en finir, il les saisit par les pattes et leur cogna la tête sur le bout son soulier.
 — Oh! le bourreau ! le bourreau ! s'écrièrent grand frère Félix et sœur Ernestine.
 — Le fait est qu'il quintessencie, dit madame Lepic souvent portée sur le bien-parler ; les pauvres bêtes ! Je ne voudrais pas être à leur place, entre ses griffes.
 Monsieur Lepic, un vieux chasseur cependant, sortit, écœuré.
 — Voilà ! dit Poil-de- Carotte, en jetant les perdrix mortes sur la table.
 Madame Lepic les tourna, les retourna. Des petits crânes brisés du sang coulait, un peu de cervelle.
 — Il était temps de les lui arracher, dit-elle. Est-ce assez cochonné ?  Grand frère Félix et sœur Ernestine dirent avec ensemble :
 — C'est positif qu'il ne les a pas « réussies » comme les autres fois.


Jules Renard.

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