Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470

Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 001 1890 page 378.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 001 1890 page 378.jpg

De MercureWiki.


linck — qui, cependant, n'en serait point l'inventeur : « Après Charles Van Lerberghe — dit dans la Wallonie M. Albert Mockel — il a instauré au théâtre un art inconnu...  » M. Maeterlinck aurait donc parfait (dans l’Intruse surtout) l'art dont M. Van Lerberghe fut le Christophe Colomb, qu'il indiqua tout au moins. Mais ils sont l'un à l'autre comme une lueur est à la lumière.
 Cet art, tout de suggestion, emporte l'esprit en des au-delà sombres ou l'air manque, par les contrées mystérieuses et de silence où s'élaborent les destins, en des immensités comme paludéennes, où, sous le ciel éternellement bas, opaque, boueux, dans une atmosphère fétide et qui oppresse la Fatalité ordonne aux Maux et à la Mort. Cela n'est point triste, mais grave ; cela n'affole point, cela angoisse. Et de ce voyage jusqu'au seuil de l'Impénétrable, l'esprit revient frappé, apeuré de vagues choses, garde longtemps l'inquiétude d’il ne sait quoi.
 Surprenante, d'ailleurs, par rapport à l'effet obtenu, est la simplicité des moyens. Les personnages n'agissent pas, n'ont point à se déterminer : ils subissent l'Inexorable. Ils sont même anonymes. Dans l’Intruse, il y a l'Aïeul (aveugle), le Père, l'Oncle, les trois Filles, une Sœur de charité, une Servante ; et c'est une personne invisible, la Mère, malade ,couchée dans une chambre contiguë, qui est l'objet du drame. Malgré les assurances du médecin, l'Aïeul appréhende un malheur. Les autres sont précisément moins inquiets ce soir, mais l'aveugle pressent un malheur ; et tous ils attendent la réalisation d'un fait matériel, la visite annoncée d'une sœur de l'Oncle. Ils attendent, et la Sœur n'arrive pas. Le spectateur a la sensation d'un silence infini, bien que les personnages parlent, que même ils causent : c'est la causerie aux écoute de l'attente, la causerie banale des préoccupations sourdes et tenaces. La sœur n'arrive pas ; la causerie est féconde en phrases émanées du pressentiment obsesseur de l'Aïeul. Et toujours le silence, le silence mat où les mots ne résonnent point, le silence sans fond pour l'ouïe aux aguets. La Sœur n'arrive pas, et, à mesure que le temps coule, il semble qu'au lieu de la présence matérielle espérée ce soit autre chose qui approche, quelque chose qui effraie, qui glace, parti des confins de l'Ignoré. La causerie va, banale, hachée, insonore, saturée du pressentiment obsesseur, et la Sœur n'arrive pas. Mais l'oreille hyperesthésiée à force d'attention perçoit les vibrations du silence : sûrement quelqu'un approche, n'est pas loin ; est-ce la Sœur ? Et la causerie va, de plus en plus obsédée du pressentiment. Voit-on s'avancer la Sœur ? Qui est entré ? Qui est là ? Personne. Pourtant une présence se manifeste à l'aveugle, une présence immatérielle, inexplicable, certaine toutefois : quelqu'un est là qu'il sent parmi eux, dans l'invisible ambiant, quelqu'un qui rôde ou s'immobilise, qui s'asseoit à leur table et à l'air d'attendre aussi : quoi ?... La sœur n'arrive pas, n'arrivera pas, et à sa place est arrivée celle qu'on n'attendait pas :: la malade vient de mourir.

Outils personnels