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- Un soir de flamme et d'or hante la basilique,
- Ravivant les émaux ternis et les couleurs
- Ancestrales de l'édifice catholique.
- Et soudain — cuivre, azur, pourpre chère aux douleurs,
- — Le vitrail que nul art terrestre ne profane
- Jette sur le parvis d'incandescentes fleurs.
- Car l'ensoleillement du coucher diaphane,
- Dans l'ogive où s'exalte un merveilleux concept,
- Intègre des lueurs d'ambre et de cymophane.
- Un soir de flamme et d'or hante la basilique,
Il vit avec les saintes images.
- J'ai choisi pour l'aimer d'une amour enfantine,
- Sur l'icône enfumé peint aux quatre couleurs,
- Un barbare portrait de Sainte byzantine.
- .....................
- Afin que soient les âmes tristes pardonnées,
- La Sainte aux yeux plus purs que l'Onde et que le Soir
- Croise dévotement ses mains prédestinées,
- Ses belles mains qui n'ont touché que l'encensoir
- Et l'unique froment réservé pour l'Hostie,
- Et les nappes de lin où l'Agneau vient s'asseoir.
- Limpide, avec l'immarcescible Eucharistie
- Du pâle front auréolé de cuivre bleu,
- Sa chair porte le scel de sa gloire impartie.
- Ainsi dans la vapeur des baumes et le jeu
- Des orgues, et le chant des vieux antiphonaires,
- Elle écoute l'appel ineffable d'un dieu.
- Et l'orgue, déroulant sa plainte et ses tonnerres,
- La caresse de mots énamourés; le chœur
- Des hymnodes lui dit les proses centenaires;
- Car son âme ingénue et forte, son doux cœur
- De neige, comme un vol béni de tourterelles,
- Ont fui ce monde impur où le Deuil est vainqueur
- .....................
- J'ai choisi pour l'aimer d'une amour enfantine,
Ne vous semble-t-il pas que, pour si transportés qu'ils soient dans une sorte de région immatérielle et de rêve, ces poèmes témoignent surtout d'une délectation purement physique ? Quoi d'étonnant que le Poète ait la même flamme dans la voix pour chanter le bel azur de l'Hellade, la fleur païenne des lauriers-roses,
- Et Narcisse au grand cœur qui mourut de s'aimer.