Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 002 1891 page 141.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 002 1891 page 141.jpg

De MercureWiki.


couchants vénitiens. Il vous survient parfois même des étonnements à voir de quels soins minutieux et patients il ordonne ses rhythmes de désespoir. Un scholiaste de la bonne époque trouverait à admirer à chaque vers.

Je ne suis pas un ignorant dont les Muses ont ri !

s'écrie quelque part Moréas. Non certes ce n'est pas un ignorant,et peut-être M. Montorgueil, le critique si acéré, n'a-t-il pas tous les torts de s'en plaindre.
 Non pas qu'il faille voir chez Moréas, comme le veulent certains esprits malveillants, un simple rhéteur à la façon des grœculi de la décadence romaine. Je suis convaincu qu'il porte en lui cette âme émerveillée et ce don d'étonnement facile qui est la marque distinctive de tout élu des Muses. Il a gardé toute la fraîcheur d'impressions des aèdes premiers. Il est arrivé à rajeunir des comparaisons que l'on croyait à jamais usées, comme par exemple des femmes et des fleurs. Il parle, sans ridicule aucun, de sa lyre, du zéphir, de Venus Cyprienne. Il chante, comme aux premiers âges, l'amour, le soleil levé et le printemps.
 Il s'est façonné une langue adéquate à ses sentiments. C'est sur le terreau poétique des XIIe et XVIe siècles qu'il cultive les délicates fleurs de sa rhétorique. Il garde de ces âges-enfants la caractéristique : grâce et mignardise. La langue dont il use, avec ses ingénuités de terroir, excelle à traduire l'amoureuse langueur. Allez donc avec la langue incisive et nerveuse que nous a faite l'ère des armées permanentes et des assemblées législatives (ou tant de manifestes et de placards électoraux!) soupirer des aveux tendres d'amant. Il ne pouvait fixer autrement dans leur toute intensité les adorables langueurs de son âme. Susurres de ruisselets matinaux, frisselis de feuilles mouvantes, chansons d'oiseaux que la saison presse, tous les soupirs, ses vers les ont avec des grâces comme chez Théocrite, et des mollesses comme chez Tibulle.
 Moréas n'a pas recueilli seulement d'anciens mots, mais encore d'anciens tours. Il a instauré les coutumes de versification abolies par la réforme de Malherbe à côté d'aucunes siennes nouvelletées. C'est un oseur. Il a des rhythmes imprévus et des modes prosodiques étranges où le goût médiocre se déconcerte.
 On a reproché aux symbolistes d'éluder les difficultés du vers réglementaire dans le seul but de simplifier leur tâche de poète et d'écrire — pour tout dire — avec moins

Outils personnels