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gloire scénique, n'est pourtant acceptable qu'à demi. Il est avant tout musical; les personnages y chantent, ce qui reste pour les littérateurs l'abomination de la désolation que publièrent les prophètes. Néanmoins, Wagner avait choisi dans les mythologies, le reculement des époques légendaires, nous épargnant d'entendre roucouler des êtres historiques et certains : un Henri III, un duc d'Albe, un Vasco de Gama. Il ne déforma pas les conceptions shakespeariennes sur le thème de quelque eunuque; ne réduisit point la royale tragédie saxonne à l'attristante frivolité de minuscules opéras. Génie complet et mâle, il édifia ses poèmes à la parité de son rêve harmonique, fut assez heureux pour construire, sans le souci d'un négoce, la scène qui les fit valoir, et se maintient, malgré notre sot patriotisme, la plus haute expression de l'art théâtral et lyrique.
 Mais,dès lors, on peut songer à un théâtre d'art qui ne serait point exclusivement musical; qui placerait au dessus de la pièce réaliste — reflet ironique de l'époque — le beau poème décoratif, évoquant en une formule de littérature telles fictions en dehors de notre quotidien dégoût. Nous n'éprouvons pas tous le besoin de représenter les nôtres, aux chandelles, de faire leur apologie ou de blasonner leurs ridicules. Bien au contraire, il nous plairait souvent d'en faire abstraction, de chercher ailleurs, soit au mirage des civilisations périmées, soit en des affabulations chimériques, la vie chatoyante et décorative que notre américanisme ignore ou méprise. A ceux qui prétextent la difficulté matérielle, on doit objecter que c'est justement le progrès du « spectacle », si souvent incriminé, qui donne l'espoir des réalisations. Il s'agit maintenant d'atteindre au « spectacle artistique », artistique comme vision et comme audition : au théâtre qui sent la combinaison intime et savante, en vue seulement de l'effet à produire (et non pour mettre en valeur, à tour de rôle, M. le cabotin, M. le musicien, M. le librettiste), de la partie musicale, de la partie littéraire et de la partie scénique.
 Loin de supprimer la musique, comme le système actuel, ou d'en faire la servante d'un instant, d'une chute d'acte, ce théâtre idéal lui laisse toute prépondérance. Elle enveloppe le poème, le soutient d'un bout à l'autre, de son déroulement vague, interpose entre l'art brutal et immédiat du comédien et le public quelconque comme une atmosphère de rêve, qui rendra — artificiellement — la flottante illusion de beauté dont fut asservie l'âme de l'artiste créateur. Elle s'efface au cours des dialogues, n'est plus qu'un murmure de ressac sur la lente déclamation des strophes, pour éclater plus loin en clameurs victorieuses avec toutes la sonorité des cuivres, toute la splendeur instrumentale du nombre. Ailleurs montent des chants de harpes et de violes sur les pacifiantes apparitions d'une fin de mystère, sur la miraculeuse féerie d'un paradis chrétien. Voici les marches funèbres aux funérailles héroïques; les fanfares sacrées célébrant la splendeur

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