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comme l'ignorante placidité d'un homme qu'on saurait devoir mourir le lendemain, comme les scurrilités d'un paillasse qui se couchera sans manger faute de recette, comme la Joie que guette le Malheur embusqué. Je citerai cette scène. Le père Godeau, après la représentation, a emmené souper Bertha ; mais elle lui a imposé la présence de son amant Tournesol, et deux autres personnes encore sont de la petite fête ; de sorte que le vieux homme, affolé d'amour et de concupiscence, mâche sa rage. « Tout à coup, Bertha se leva de table, et, signifiant à tous, sans nulle périphrase, qu'elle allait simplement où l'appelait certaine naturelle petite nécessité, du caractère le plus intime, elle s'éclipsa, un peu titubante...» Le père Godeau la suit dans un corridor, la supplie de l'écouter: elle s'échappe en raillant dans la rue claire de lune et silencieuse. Godeau ne la quitte point, et, soudainement audacieux et brutal, lui saisit le poignet : « — J'ai à te parler, Bertha... entends-tu ? — » Elle l'injurie, furieuse, puis se ravise : « — Ah ! et puis, après tout, parle si tu veux, mon petit... Mais, pardon, tu sais, je suis venue ici pour faire autre chose que la conversation... Tu permets, hein ?... > Eloignée d'un pas, « debout, les jambes écartées, elle se soulageait, longuement, cyniquement, sur le trottoir... » Et le vieux lui baise dévotieusement les mains,lui murmure des mots tendres, « sans même remarquer l'abjecte et ridicule posture de l'aimée, sans comprendre l'intempestive grotesquerie de pareils soupirs, de semblables baisers, de telles passionnées exclamations, sans daigner entendre le rythmique clapotement des ignobles cascades qui, railleur accompagnement pour sa chanson sentimentale, pleuraient, ruisselaient, gargouillaient sous les jupons de la fille.... »
 Il n'est pas besoin, je pense, d'insister sur la signification possible de ce « mythe »....
 Vieux est la première œuvre de longue haleine d'Albert Aurier. Il l'entreprit voici longtemps déjà, en 1886, alors qu'il était encore très jeune. Il n'écrira certainement plus de tels livres, où du reste plusieurs de ses qualités deviennent des défauts. C'est un esprit d'une compréhension merveilleuse en même temps qu'un véritable tempérament d'artiste, et je l'imagine volontiers réalisant en littérature un art parallèle à celui que, le dernier mois, il formulait pour la peinture dans son bel article sur Paul Gauguin — un art idéiste et synthétique, où le geste de l'individu et la vraisemblance des fabulations ne comptent pas.

Alfred Vallette.

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