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vibrations si spéciales que peu d'âmes s'y trouvent d'accord. Musique de plain-chant grégorien, tel qu'on l'écoute en une somptueuse église flamande, avec de soudaines fugues de prière exaltée qui planent sur les lignes hautes, se jettent vers les voûtes peintes, avivent les vieux vitraux, illuminent d'amour les chemins de la Croix assombris. Le moine mystique, le vrai moine, le Fra Angelico et un peu le Bonaventure, revit davantage le long des pages de ce Presque, de chatoyante spiritualité, qu'en toute la littérature pseudomonastiqne de notre temps. Plairait-elle pas, mieux que de protectrices et fructifères déductions, à l'auteur du Recordare sanctœ crucis, cette oraison : « Le Christ apparaît ici-bas la plus resplendissante, la plus aimante, la plus absorbée figure de l'éternelle substance, elle embaume de toutes les vertus : elle a les bleus dulcifiants, les jaunes brûlés et clairs de la topaze ou du chrysanthème, les ensanglantements des gloires futures. Et malgré et contre mes rechutes de chaque jour, je m'efforce, selon la parole de Jésus à la Samaritaine, à l'adoration en esprit et en vérité. » M. Poictevin est entré dans le « jardin de toutes les floraisons » que chanta saint Bonaventure,

    (Crux deliciarum hortus

     In quo florent omnia...)


et à genoux il a baisé le cœur des roses dont la roseur est faite de sang, — le sang du grand Supplice. Pendant que le Matin, jeune homme aux cheveux blonds, livre aux femmes folles sa moite adolescence, il va, vers une paix « ecclésiale », à des messes de solitude, et l'une des grâces recueillies c'est l'imprégnement de son âme par « la lumière intérieure, claritas, cavitas. »

R. G.


 Femmes et Paysages, par Jean Ajalbert (Tresse et Stock). — M. Jean Ajalbert vient de réunir en un respectable volume tous les vers qu'il a publiés depuis 1886. Si l'on veut bien lui concéder qu'employer le langage rimé et rythmé à donner l'impression exacte d'un paysage, à camper de précises visions de femmes, à détailler l'analyse d'amours bourgeoises, c'est accomplir une œuvre poétique, on pourra se complaire à le lire, et beaucoup. Il a du vers alexandrin à libre césure une science bien mise en valeur par les excentricités de certaines poétiques contemporaines, et ce n'est pas un mince mérite. Quant au fond, une très personnelle ironie, dont l'expression du sentiment est à noter. Mais où M. Ajalbert se montre d'une incontestable maîtrise, c'est dans l'évocation de la banlieue de Paris, dont les moindres aspects nous sont révélés dans toute leur désolante laideur. La Nature, que l'auteur a voulue pour seule inspiratrice, l'a parfois si royalement servi que tel paysage, conçu objectif, devient un véritable paysage d'âme — pour la plus grande gloire du symbolisme.

E. D.


 Une Idylle à Sodom, par G. de Lys (Savine). — Cette
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