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total de son être. Mais cette conclusion nihiliste de sa raison répugne à son imaginative, et une sorte de sens esshétique — non un vieux levain de foi — l'induit en la conception d'un au-delà païen, étrange paradis fait de calmes contrées dans une lumière trouble qui ne viendrait point du soleil, et où la Mort — une femme long voilée de gris-poussière, une femme très belle , grave et douce — est la maîtresse définitive, maternelle, câline, l'Absolue qui panse toutes les plaies et console pour l'éternité.
 C'est au second acte que se révèle cet état d'âme. Le premier a mis aux prises le pessimisme névrosé, aristocratique et artiste de Paul Dartigny avec le bourgeoisisme bon garçon, benoît et heureux de vivre de Jacques Durand : ce Jacques et Lucie, la maîtresse de Paul, synthétisent là les gens de nerfs placides, d'humeur quiète, d'esprit fermé au rêve, les gens de sens commun qui s'accommodent et même se satisfont du train des choses. Mais au second acte — qui est le rêve in articulo mortis de Dartigny et par quoi il assiste à son agonie — Lucie est l'apparence sous laquelle la Vie se manifeste au mourant pour lui reprocher de la volontairement quitter, s'efforcer à le reconquérir, la Vie qui combat la Femme voilée attendue depuis tant d'heures et enfin venue. Le « drame cérébral » est ici. A proprement dire, c'est la Vie et la Mort se disputant une humanité ravagée d'incroyance et qui, trop faible ou trop raffinée pour la résignation à la fin matérialiste, tâche à tromper sa misère spirituelle par de hasardeux mysticismes. Si le débat n'a point cette ampleur, il la suggère néanmoins. Tout le morceau est d'un mouvement dramatique et d'une concision remarquables. Au crescendo de passion de la Vie, la Mort oppose son implacabilité sereine; et un instant Paul faiblit, laisse échapper comme un regret :
 Paul Dartigny. — Ses cheveux étaient si longs!...
 La Femme Voilée. — Mon voile est encore plus long.
 Et lorsqu'enfin la Vie s'en va, clamant le désespoir de sa défaite en des appels éperdus, la Femme voilée est douce et caressante au pauvre amant. Mais il voit peu à peu se rétrécir l'au-delà de son rêve : la maîtresse ne se livre point, ne peut pas se livrer, et, impuissante à répondre à ses interrogations, ce sont des ambiguïtés qu'elle profère :
 Paul Dartigny. — Enfin peux-tu me dire qui tu es, toi, la Mort?
 La Femme Voilée. — Je ne sais pas.

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