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La traduction est excellente, littérale et littéraire, — travail énorme qu’il faut beaucoup louer, car Swinburne est obscur et dur à interpréter. Du grand versificateur, de l’artiste unique, que dire à propos d’une traduction ? Il reste de la fleur tout ce qui pouvait rester : le parfum.
R. G.
Les Adolescents, par Daniel de Venancourt, Préface de Robert de la Villehervé (Vanier). — L’exiguïté d’une note bibliographique ne permet guère de dire tout ce qu’il faudrait de ce livre charmant, exquis parfois, d’une incomparable fraîcheur et jamais banal. Au reste, la Préface de M. Robert de la Villehervé — où est intercalé un sonnet de notre ami Le Cardonnel à Laurent des Aulnes, pseudonyme de M. Daniel de Venancourt — est certes le meilleur article que suggéreront Les Adolescents : qu’on s’y reporte donc. L’auteur, dit cette préface, est très jeune. Les conceptions de M. de Venancourt ne démentent point cette affirmation, mais l’ordonnance des poèmes et la science du vers sont alors très remarquables. Ceci l’est peut-être plus encore : presque tous les rêves du poète sont dans le bleu, et nulle part — pas une fois ! — ils ne s’échouent en cette sentimentalité bébête qui est la tare ordinaire de telles poésies. Et puis, de l’inattendu dans l’expression : ces vers, par exemple, qui m’ont fait songer à Saint-Pol-Roux :
- Les cloches de ma vie ont seize fois sonné
- ............................................
- Le Prince de mon rêve a mis ses habits bleus
Et ceux-ci :
- … La vierge Marie aux grands gestes blancs
- ............................................
- Viens, petite Eve, il est tard :
- J’ai sommeil de ton sommeil.
A. V.
Le Gorille, par Oscar Méténier (Victor Havard). — Sous la sauvagerie marmoréenne de la couverture, où se prélasse le Gorille de Frémiet, celui-là même dont un railleur disait qu’il représentait Littré enlevant la langue française, Oscar Méténier