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même éblouissante, l'écorce des êtres et des choses, les boutons des robes et les verrues des épidermes, les féeriques décors, les futiles accessoires, les mesquineries bêtes et faciles du trompe-l'œil et du pittoresque, tout ce dont vit le commerce des badigeonneurs contemporains ?
 La réalité plate et brutale, en laquelle nous vivons nos banales aventures, est-elle donc un spectacle si intéressant et si beau, pour qu'on s'efforce de nous le parodier éternellement ? Ne vaudrait-il point vraiment mieux que l'artiste ne nous la montrât, cette abjecte objectivité, que le moins possible, très lointaine, et noyée dans des brumes de crépuscule ? C'est ce que Carrière a compris. Cette réalité écœurante, dont, sans doute, son âme délicate de poète eut souvent à souffrir, il s'éloigne de nous la voiler, de nous la présenter baignée de mystère. De parti pris — et il convient de l'en féliciter — il éloigne de nous la nature, la détestable nature, la vie, la sale et banale et méchante vie. Les âmes seules l'intéressent. Avec les âmes seules communie son rêve d'artiste. Aussi, ses tableaux sont-ils vraiment des « évocations » ; aussi, ne voyons-nous jamais surgir sous son pinceau goétique nul paysage, nul ciel, nul accessoire décoratif. Les êtres eux-mêmes cachent dans du nuage leur honteuse matérialité, et, de leur corps, ce qui subsiste, presque seul, c'est leurs mains, leurs yeux, leurs lèvres, parce que les lèvres, les yeux, les mains, c'est la forme visible de l'âme...

...


 Pourtant l'œuvre de Carrière procède encore de la vie. Elle est mystérieuse et troublante, mais elle échappe au fantastique par une savante logique dans la transposition des formes et surtout de la lumière : c'est encore du réel et c'est déjà le rêve. Et ce rêve, quel charme d'y pénétrer au quitter de l'ignoble tohubohu de la rue. Quel bon magicien vient donc d'évoquer, pour nos yeux ravis, ce monde de brumes doucement lumineuses, ce inonde de mélancolie et de tendresses crépusculaires.


  Sois sage, ô ma douleur, et tiens toi plus tranquille.
 Tu demandais le soir, il descend, le voici ;
 Une atmosphère obscure enveloppe la ville...



 Ah ! dans cette mystérieuse atmosphère de songe, vraiment, ne marchons-nous pas ainsi qu'en du souvenir ?
 Du souvenir ! C'est bien là ce que Carrière transpose en ses toiles. C'est bien lui le peintre des lointains de la vie.

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