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sur le corps de son nourrisson, comme pour, elle aussi, ainsi que les mères de Carrière, le disputer à la tragique et vaine Vie, qui, déjà, l'entraîne ! Et lui, le petit dieu, les yeux fixés vers la même lointaine vision, le front sombre, semble songer, l'âme pleine d'un douloureux résigner !...
Par une pareille compréhension de la vie et de l'art, qui fut sans doute celle de tous les artistes véritables, Eugène Carrière ne se révèle-t-il point haut penser et grand poète, et oserai-je maintenant parler de sa science, de son métier d'infaillible ouvrier, de son intelligence des progressions lumineuses, de ses clairs-obscurs, de ses gris d'argent qui font songer à Velasquez ?
G.-Albert Aurier
11 Mai 1891.
(1) Cf. Remy de Gourmont, Les Poëtes latins mystiques, chap. dernier : Le Stabat Mater.