Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470

Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 002 1891 page 347.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 002 1891 page 347.jpg

De MercureWiki.


O neige, toi la douce endormeuse des bruits
Si douce, toi la sœur pensive du silence,
O toi l'immaculée en manteau d'indolence
Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits.
Douce ! tu les éteins et tu les atténues
Les tumultes épars, les contours, les rumeurs;
O neige vacillante, on dirait que tu meurs
Loin, tout au loin, dans le vague des avenues !
Et tu meurs d'une mort comme nous l'invoquons,
Une mort blanche et lente et pieuse et sereine,
Une mort pardonnée et dont le calme égrène
Un chapelet de ouate, un rosaire en flocons.
Et c'est la fin : le ciel sous de funèbres toiles
Est trépassé...

 Votre âme, lui écrivit M. Mallarmé, donne toujours cette haute impression de luxe qu'elle a le temps. Parole affectueuse et juste. Le temps, oui, le temps de rêver son rêve, de scruter et de comprendre la vie des choses, d'apparier leur mélancolie et sa mélancolie. S'il s'éloigne des villes défuntes et s'égare le long des canaux, s'il écoute la plainte murmurée des rivières, il entend ces voix et ces plaintes :

La voix de l'eau qui passe est triste et mire en elle.
La moindre affliction qui l'a frôlée un peu...
La voilà s'affligeant du départ en exil.
De la fumée, au loin, que la bise balaie
Et qui, violentée, abandonne dans l'air
Ses voiles, et dans l'eau vient mourir toute nue...
Voix qui prolonge un peu les voix qui se sont tues,
Voix triste qu'on dirait posthume et d'autrefois,
Voix qui parle comme regardent les statues...


 Surtout il y suit encore son rêve, il y voit le reflet de son âme ; les mots se répètent comme en des litanies. Ce cœur de l'eau « souvent malade et sans mémoire », de l'eau si pâle, « qui parfois en des frissons, en des remous », crispe sa nudité d'une douleur charnelle, qui dort en un miroir « où les choses se font l'effet d'être posthumes », il nous le révèle en cette seconde partie du poème, une des plus belles, et en tous cas d'une émotion neuve. Subtile psychologie de l'eau vivante et vraiment féminine, aimant le ciel comme en un hymen consenti, qui sanglote d'être seule « en ce grand calme qui lui fait mal », qui pense et se lamente et se souvient, — c'est la psychologie

Outils personnels