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« AU PAYS DU MUFLE » (1)

 M. Laurent Tailhade renie son Jardin des Rêves, dont Théodore de Banville écrivait :« Il contient au plus haut degré les qualités essentielles à la jeune génération artiste et poète, c'est-à-dire à la fois la délicatesse la plus raffinée et la plus excessive, et le paroxysme, l'intensité, la prodigieuse splendeur de la couleur éblouie. » L'œuvre à quoi un tel maître appliquait de telles paroles ne justifie aucunement le dédain en lequel la tient son auteur. Mais c'est affaire à lui, et, comme fit naguère en ce recueil (2) M. Ernest Raynaud, je voudrais ne pas insister sur ces premiers vers. Je les rappellerai néanmoins avant de brièvement indiquer comment, selon que je le crois, l'original esprit et le rare poète qu'est M. Laurent Tailhade — d'abord plus spécialement voué, semblait-il, à cette poésie « d'inspiration catholique où se complaît souvent sa latinité dans les fumées d'encens que traverse une lumière de vitrail » (3) — s'est momentanément détourné du but radieux, comment s'activa l'autre artiste — le terrible autre — d'ordinaire assoupi en lui et ne se manifestant guère, en ses fugaces réveils, que par des épigrammes pour la plupart jamais écrites et en tout cas point colligées en vue du volume.
 Le sonnet Préface du Jardin des Rêves éclaire sur la psychique de M. Laurent Tailhade alors qu'il composa ce livre. Le poète est déjà bien désabusé. Nombreuse est la jonchée légère de ses illusions défuntes, et c'est sans mélancolie — car il n'est pas précisément un élégiaque !— qu'il la contemple, et surtout sans se plaindre. On ne gémit point si l'on est un dieu : il n'a qu'à toucher Lazare pour que Lazare revive. Aussi a-t-il recueilli les frêles vestiges des si tôt mortes, il les a ensevelis dans un riche tombeau, et, au lieu de se lamenter en vain du sort implacable qui les flétrît venant d'éclore, il ressuscite à son gré les fleurs merveilleuses dans tout leur éclat :
  Bien que je sois brisé comme sont les frégates
  Qu'emporte l'océan sur les récifs houleux,
  J'ai gardé le trésor de mes beaux rêves bleus
  Dans des coffrets ornés de perles et d'agates.

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