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et j'essayerai de le faire, mais ne sont-elles pas insuffisantes à modifier l'aspect général d'une exposition dans laquelle elles ne sont que l'imprévu, que l'accident? Il était donc bon, avant de commencer ces notes sur les Salons, de prévenir le lecteur qu'il n'y serait point question d'art, point d'artistes, mais simplement d'une industrie de luxe, très importante aujourd'hui, et dont l'étude ressortit davantage de l'économie politique que de l'esthétique. Elle compte pour beaucoup, malgré les prohibitions douanières créées par l'Amérique, dans le commerce d'exportation de notre pays, et c'est, je crois, une œuvre éminemment patriotique que d'étudier sérieusement ses modes de fabrications et ses ingénieux produits, qui offrent, réfléchissez-y, plus d'une ressemblance avec ce qu'on nomme l'article de Paris.
 Lorsque nous voudrons reparler d'art (car, Dieu merci, c'est encore possible aujourd'hui), nous ferons en sorte de prendre autre chose que les Salons comme thème de conversation. Nous aurons soin de tourner un dos obstiné aux géniaux négociants de ces foires un peu honteuses, et nous irons plutôt vers les solitaires, vers les convaincus, qui travaillent dans le silence à la réalisation des idéaux rêvés, heureux des seules jouissances de l'art, dédaignant les gains illicites, les bêtes cajoleries de la plèbe, estimant que l'oeuvre d'art ne saurait être primée dans un concours comme un bétail gras ou un produit alimentaire. Alors, sans doute, au quitter des banales hideurs, toujours les mêmes, toutes identiques, appendues aux murailles du Palais de l'lndustrie ou de tout autre bazar national, les chefs-d'oeuvre d'un Degas, d'un Césanne, d'un Renoir, les rêves féeriques d'un Gustave Moreau, les cauchemars horrifiants d'un Redon, les symboliques visions d'un Gauguin, les hallucinations diaboliques d'un Rops, les toiles rutilantes d'un Van Gogh, d'un Monticelli, d'un Monet, d'un Pissaro, nous paraîtront plus belles encore, d'un art encore plus, pur, plus divinement irradiées...
 Peut-être, en outre, resongerons-nous des grands noms qui glorifieront ce siècle, des Corot, des Delacroix, des Millet, des Courbet, des Manet, des Daumier, des Rousseau, eux aussi bafoués par les jurys de jadis, ou, volontairement s'isolant, s'éloignant des expositions et des concours, plus satisfaits du silencieux orgueil de leurs rêves et de leurs créations que de tous les hochets honorifiques ou des gains réalisés... Ah ! pauvre public, pauvre incurable public, refuseras-tu donc toujours l'aumône d'un regard aux travailleurs silencieux et probes? T'obstineras-tu toujours à te ruer à la bruyante parade des camelots bonimenteurs qui te promettent, au son de la grosse caisse et des cymbales, des jouissances d'art garanties bon teint, des jouissances d'art extra-pures? Au reste, comment, maintenant, serais-tu capable d'un peu de bon goût, d'un peu de bon sens, d'un peu d'intelligence? Sans doute tu es, aujourd'hui, trop vieux, il y a trop longtemps que tu savoures les mêmes produits frelatés, ton éducation artistique est faite, irrévocablement faite, le Salon est

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