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travail dépensé : l'œuvre doit donner la sensation d'une chose faite sans effort, sans tâtonnement, du premier coup... Le monsieur qui, avec une série de touches cavalièrement jetées sur la toile, nous procure l'impression d'une chose finie, aussi finie que les pignochages des vieux paysagistes qui comptaient les feuilles, a fait du joli et l'on dit autour de lui :
 — Quel joli talent ! Quelle patte ! Comme c'est brillant ! Comme c'est enlevé ! Comme c'est joli! Mon Dieu, comme c'est joli!
 Néanmoins, il en est d'autres qui arrivent au même résultat par le moyen contraire du pignochage, des brosses à deux poils, et du microscope. Ceux-là, on les regardé à la loupe. On s'extasie sur le poli et la politesse de leur badigeon (c'est lisse comme une toile cirée), et, encore, les jolies femmes s'exclament généralement :
 — Comme c'est joli Comme c'est distingué !
 Le monsieur qui fait du joli pratique le blaireautage, parce que c'est le signe de l'idéalisme en art, ou le couteau-palette, parce que c'est l'indice d'un génie crâne, robuste, amoureux des réalités solides. Il peint d'accoutumée dans les tons clairs, parce que le bitume n'est plus à la mode, mais il évite les brutalités de coloration qui dérouteraient le public. Il aime les tons gris, ces tons ayant la réputation d'être d'une finesse excessive. Lorsqu'il veut se poser en audacieux, en radical, en homme de progrès, il emploie de la laque violette. Toujours, le dessin, la coloration, l'effet, la composition doivent être impersonnels et veules, et cela parce qu'en regardant le tableau, le spectateur ne doit pas être frappé par le tableau, mais par le talent de l'artiste; il ne doit pas dire: « Quel beau portrait ! Quel superbe paysage! » mais: « Quel habile portraitiste!... Quel adroit paysagiste ! »
 Quant au sujet, il importe peu, puisque tous les sujets peuvent être traités de façon à donner cette obligatoire impression de joli. Cependant certains sont particulièrement favorables à cet aimable costumage : toutes les parisienneries, toutes les polissonneries, tous les faits divers émouvants, tous les patriotiques pathétismes, toutes les sentimentalités, toutes les nudités de femmes sont très recherchées. Quelquefois, au contraire, le peintre, afin de produire un effet d'étonnement, s'amuse à traiter une hideur. Mais, alors comme toujours, sa facture reste la même, aussi brillante, aussi spirituelle, aussi jolie ; On devine que le motif ne lui a inspiré nulle émotion, nulle recherche profonde, et qu'il l'a choisi avec le seul désir de stupéfier, de scandaliser ou, comme il dit, « d'épater » le public, — simple boulevardier développant, un sourire fat aux lèvres, quelque très ignoble paradoxe ! Le joli, on le voit, est, au fond, la négation de toute émotion personnelle, de toute sincérité, de toute recherche naïve, et l'affirmation d'une adresse extraordinaire des doigts. Il a beaucoup d'analogie avec le chic, tel que le définit Baudelaire : « Le chic peut se comparer au travail de ces maîtres d'écriture, doués d'une bonne main et d'une bonne plume

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