Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470

Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 003 1891 page 046.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 003 1891 page 046.jpg

De MercureWiki.


lève, et Chérubin commence. Je regrette vivement que le succès en ait été si manifestement nul : il me devient plus difficile de dire tout le mal que j'en pense — et cependant il faut le dire, ne serait-ce que pour nier la solidarité des poètes nouveaux, non point avec un homme de talent méconnu, mais avec un médiocre dramaturge. Je ne comprends pas la méprise du public et de la critique, évidemment trompés par le mot de symbolisme : ils ne se sont point aperçus que l'âme des plus purs génies français : Scribe, d'Ennery, Duvert et Lauzanne, vivifiait ce mélodrame mêlé de vaudeville ; on les avait pourtant bien avertis que « ce n'était pas de la littérature  ». Cet aveu ingénu, mais habile, aurait dû capter toute leur bienveillance, d'autant plus qu'il exprimait une vérité hors de discussion. Ce n'est pas de la littérature, c'est du rapetassage ; l'échoppe porte pour enseigne : « Au rendez-vous des banalités. On ne travaille que dans le vieux ». Pour mettre en lumière deux axiomes empruntés à la sagesse des nations : à père avare, fils prodigue, à père prodigue, fils avare, était-il bien nécessaire d'appeler des fantoches mort-nés Harpagon, don Juan et Chérubin ? Avec la forme théâtrale, la plus déshonorée de toutes, mais la plus belle pour qui lui rendrait sa splendeur originelle, art de synthèse, s'il en fût, où un mot et un geste sont le signe de sentiments et de pensées innombrables, ne trouver rien de plus que cette aventure quelconque du petit-fils plus avare que son grand-père et capable de le tuer, comme il arrive tous les jours, cela dénote un manque absolu d'imagination. C'est trop satisfaire à la mémoire de Berquin, l'ami des enfants, que punir le méchant petit ingrat, assassiné au troisième acte par un ivrogne, pour que le sympathique prodigue don Juan (mauvaise tête, mais bon cœur !) profite seul de l'argent accumulé. J'ai cru, un moment, qu'un drame un peu plus nouveau allait se dégager : Chérubin, capitaliste moderne, comprend que l'or ne doit pas dormir ; il connaît la puissance de la banque, de l'escompte, du crédit, du papier monnaie ; toute la richesse lui appartient : d'un trait de plume il ruinera les deux mondes, parce que sans le savoir tous les hommes sont devenus ses débiteurs ; — et c'était alors rendu sensible sur la scène le despotisme élégant et sauvage de la finance contemporaine, dénouement peut-être immoral, mais plus significatif, et par suite plus conforme à l'esthétique du théâtre, tandis que Chérubin est un peu ridicule quand il se laisse saigner comme un imprudent poulet.

Outils personnels