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à choisir – étant donnée que la Russie est incapable de s'en créer une. Enfin, il y a à cela – je le veux bien – des raisons historiques et religieuses que le goût ne connaît point ! Pour la France, c'est le xviiie siècle qui a écopé : et d'un bout à l'autre de la Russie, d'Arkhangel à Astrakhan et de Kiev à Orenbourg, il ne se rencontre pas un seul monument, petit ou grand, où se révèle quelque chose. Pardon ! il y en a un. Il y en a un, qui sans être un chef-d'œuvre, sans être une manifestation bien décidée de la conscience slave, sans être même beau, trahit cependant, en quelques parties, une intention de réaliser une pensée originale, de caractériser le pays, de s'approprier au sol : c'est le Kremlin. Mais ce sont les Italiens qui l'ont construit.

 La peinture n'est pas plus heureuse. Mon Dieu ! j'en suis bien fâchés pour les peintres russes, dont quelques-uns sont mes amis et ont, certes, surtout à ce titre, beaucoup de talent : mais à l'heure qu'il est, après avoir vu quelque trente ou quarante de leurs expositions, soit en Russie, sans concurrence, soit à l'étranger, en compagnie internationale, il m'est absolument impossible de dire en quoi consiste la peinture russe. Que je vois représentés des paysans de l'Ukraine en goguette ou un baptême des Slaves sous Vladimir, je dirai, sans doute : Voilà un sujet russe : mais jamais de n'aurai assez de flair pour déclarer : Voilà d'un peintre russe. Je ne pourrais guère fonder cette supposition que sur la mauvaise exécution du tableau. Je cherche en vain, depuis des années, quelque caractère à ce qu'on appelle emphatiquement l'école russe. Hélas ! c'est qu'il n'y a pas là d'école, mais seulement des élèves de toutes les écoles. On peut disserter sur la somme et le genre des influences qui s'y exercent : tenter d'en rechercher les tendances serait méchamment ironique. Ce qu'il faut observer, par contre, c'est que, dans l'honnête moyenne où elle croupit, la peinture russe ne réussit guère à donner un spectacle supportable que dans le paysage et la scène de genre. Elle doit s'y cantonner, sous peine de devenir franchement grotesque. Tout ce qui s'appelle l'histoire, le nu, le portrait, la légende religieuse ou mythologique, la décoration est sans valeur ou n'existe pas. Ce ne sont pas les deux ou trois toiles à grand fracas et à tsars costumés, qu'on parvient à citer dans une production d'un siècle, qui me feront changer d'avis. Mais l'effroi de l'effroi, l'abomination de la désolation, c'est l'horrible peinture officielle. Ah! les batailles contre les Français, les Turcs ou les Asiatiques ! les états-majors groupés sur une colline ! les revues navales ! les couronnements ! Il n'y a alors qu'un parti à prendre : fuir.
 Et que dire de la sculpture qui ne soit plus désolant encore? Sans doute, il vient un nom sur les lèvres, un seul : mais, voile-toi la face, Sainte Russie ! C'est celui d'un israélite.

 Il faut que j'en vienne à la musique pour pouvoir me livrer à des constatations moins cruelles. Je serai juste : il y a une musique russe. La musique est même l'unique art qui ait

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