Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 003 1891 page 103.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 003 1891 page 103.jpg

De MercureWiki.


RENOIR
____


 Il me faut, malgré moi, devant cet aimable et pomponné microcosme, d'aspect si charmeusement artificiel, si adorablement pas-très-vrai, que surent susciter les presque lascifs pinceaux de Renoir, il faut imaginer une âme d'artiste naïve, avec des subtilités de naissance ; bonne, indulgente, joyeuse, avec d'insaisissables ironies qui s'apitoient ; une âme-enfant, ignorant nos grognons pessimismes, s'égayant, s'éjouissant, s'extasiant, dans le monde vrai, comme un bébé dans un bazar plein de poupées, de ballons et d'arches de Noé, comme un bébé très malin et quasi sceptique, mais sceptique avec tant de bon cœur ! et de candeur !
 Et d'ailleurs, si l'on pouvait approfondir, n'apparaitrait-elle point aussi vraie, aussi philosophique qu'une autre, cette compréhension de la vie, cette conception du monde, des êtres et des choses donnés comme joujoux à l'homme, bambin éternel, mais trop souvent bambin rageur préférant au jeu l'éventrement de ses polichinelles ? Et puis, en tous cas, n'est-ce-point, en art, cet instinctif ou volontaire puérilisme, un paradoxe vraiment intéressant, aujourd'hui que même les enfants ont des âmes de vieillards ?

...


 Ce fut, en cet immense et joli bazar à jouets qu'était pour lui l'Univers, ce fut, naturellement, par les pommettes carminées, par les lèvres rouges immuablement sourieuses, par les beaux yeux d'émail si-d'azur des poupées, des adorables poupées, aux chairs porcelaine rose, aux chiffons miroitants de satin, que Renoir fut, surtout et d'abord, attiré.
 La femme, il voulut peindre la femme, l'exquise, la joliette babiole babilleuse, sautilleuse, qu'il adorait et dont l'âme, il le devinait, ne devait certes point être très différente d'un mouvement d'horlogerie, souvent détraqué, au reste.... et, parmi toutes les femmes, parmi toutes ces gentilles amusettes automatiques, parmi tous ces mignards étroïdes artificiels ; ce furent celles chez qui ce caractère d'artificiel était le plus marqué,le plus évident, qui le plus l'attirèrent et le séduisirent. D'instinct, il dédaigna un peu les robustes et saines femelles des campagnes, trop voisines, à, son gré, de la nature et de l'animalité et quasiment contradictoires de la coquette machinette-articulée qu'il concevait. Au contraire, ainsi qu'il était normal, il s'éprit de la mignonne et poupine poupée très civilisée des villes, de la poupée si nativement poupée et encore s'il se pouvait, artificialisée par une vie tonte conventionnelle ; toute aphysique, de la poupée la plus poupée, de la Parisienne....

Outils personnels