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 Cette originale et peut-être très sage conception du fameux «éternel féminin» ne semble point, il faut le répéter, être, en Renoir, la conséquence volontairement déduite d'un scepticisme acquis par d'amères expérimentations. Elle m'apparaît plus spontanée, plus naïve, plus instinctive, et si l'on veut qu'elle procède quand même de quelque scepticisme, ce sera d'un scepticisme pas du tout amer, pas du tout expérimental ni raisonné, ni même conscient, d'un gai scepticisme constitutionnel et natif....
 Avec de pareilles idées, avec une telle vision du monde et de la féminité, il était à craindre que Renoir ne créât une œuvre seulement jolie et seulement superficielle. - Superficielle, il n'en fut rien ; profonde, au contraire, car si, en fait, l'artiste a presque absolument supprimé l'intellectualité de ses modèles, il a, par compensation, prodigué dans ses tableaux sa propre intellectualité, et l'on vient de voir combien exceptionnellement curieuse était cette intellectualité. Quant au caractère de joli, il est, dans son œuvre, indéniable, mais combien différent ce joli là de l'insupportable joli que pratiquent les peintres à la mode. Le joli de Renoir, qui est le joli poussé au dernier degré de la mièvrerie, le joli par excellence et même le joli impossible, devient prodigieusement intéressant, d'abord par son excès même et ensuite parce qu'il est,en quelque sorte, un joli philosophique, un joli symbolique, symbolique de son âme d'artiste, de ses idées; de ses compréhensions cosmologiques.... Psychiquement organisé comme il nous est apparu, comment, en effet, eût-il pu percevoir les choses et les êtres autrement qu'avec des extériorités jolies, puisque la seule fin des êtres et des choses lui semblait de charmer, de réjouir, d'amuser son âme d'enfant, son âme d'artiste ?
 La femme, surtout, l'obsédante femme, à quoi lui serviraient d'autres plus intimes qualités ?... Il la voit, il veut la voir jolie, seulement jolie, et, en vérité, n'est-ce point assez ? Pourquoi serait-elle belle, puisqu'elle est jolie ? Pourquoi intelligente, pourquoi bête, pourquoi fausse, pourquoi méchante? Elle est jolie ! Pourquoi aimante, pourquoi ingrate, pourquoi dévouée ? Elle est jolie ! Pourquoi aurait-elle un cœur, un cerveau, une âme ? Elle est jolie ! elle est jolie !.... Et cela lui suffit et cela nous suffit.... A-t-elle même un sexe ? Oui, mais qu'on devine stérile et seulement propre à nos puériles amusailles. Sans doute sa chair est bien vraiment de pâte-tendre de saxe, et son sang de carmin à fleur de peau, et ses yeux d'insensible émail, et son âme de rouages ingénieux et fragiles... Elle ne vit pas, elle ne pense point. Nous autres, tous plus ou moins psychologues et encore plus sots que psychologues, bêtement, nous tenons à lui attribuer nos sentiments, nos émotions, nos rêves d'êtres-vivants. Nous lui votons un coeur compliqué, une intelligence retorse. Nous la décrétons volontiers ange ou démon, nous nous plaisons à la trouver sublime ou ignoble, machiavélique, vipérine, féline ! Pauvres fous ! nous semble dire le peintre. Comme si un chat,

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