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passer, avec Le Dom, en l'autre moitié de votre cœur, de vous représenter dans les autres êtres la misère, la souffrance et la crainte. Toutes les terreurs que vous avez pu éprouver, la longue série des criminels, des gueux, les a reproduites d'âge en âge, jusqu'à nos jours, depuis La Vendeuse d'ambre jusqu'à la vision de l'échafaud futur dans Fleur de cinq pierres, jusqu'à l'échafaud lui-même dans Instantanées.
 Ayant pitié de ces pauvres, tentons de recréer la société, d'en bannir toutes les terreurs par La Terreur. Oui, faisons un monde neuf ; incendions mathématiquement, raisonnons l'explosion, tuons pour le principe, soyons les homéopathes du meurtre, à moins que le regard d'un enfant... »
 L'Homme funèbre cessa de se promener, s'assit, s'enfonça dans le fauteuil. II me donna l'impression d'un magicien venu pour me tourmenter, me faire, comme il disait, hurler d'horreur, puis pleurer en abondance. Je ne voyais plus que ses yeux qui me rayaient comme une vitre. J'attendais le corbeau qui devait se percher sur mon épaule. Est-ce que déjà la lampe ne charbonnait pas traditionnellement, près de s'éteindre ?
 — « Tout ça, dit-il enfin, c'est des bêtises. Concluons. Comment trouvez-vous mon livre ? »
 — « Ah ! dis-je, essuyant mes tempes, à mon tour, je vous tiens. »
 — « Soyez franc ! »
 — « Et poli. Comment terminer par quelque chose qui ronfle juste ? Si je m'écrie, vous serrant la main cordialement : « Dieu que c'est beau ! » les sots me gronderont comme un petit garçon. Dois-je dire plutôt, bon prince de critique : « II y a des choses bien », ou : « Edgar Poe est dans nos murs », ou, comme flairant un papier brûlé : « Ce livre a passé par l'Enfer et sent le roussi ? »
 — « Ami, si vous n'avez rien de gentil à me dire, taisez-vous. »
 — « L'impartialité, entre amis, consiste peut-être à ne jamais s'accorder de talent. Ma foi, Homme funèbre dont le nom aboie, afin de concilier la grosse et intime affection que j'ai pour votre livre avec la pudeur que je me dois, je prononcerai, non sans emphase, mais sûr de ma prophétie, que tous ceux qui doivent lire Cœur double le liront.

Jules Renard.


 (1) Un vol., par Marcel Schwob, avec une préface de l'auteur (Ollendorff)

(2) A noter que Marcel Schwob à la préoccupation constante de la voix, que Théophile Gautier disait indescriptible.

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