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à bas prix, que les quotidiennes anecdotes devenues nécessaires au fonctionnement d'imaginations stupéfaites, abêties par le récit de réalités sans signification.
 La poésie populaire, elle aussi, dit des anecdotes, mais exprimées symboliquement: elle chante en termes proférés pour toujours, l'éternel fait-divers, mais généralisé et arrangé selon une forme lyrique et musicale. Cette poésie-là, comme l'autre, se comprend de moins en moins, et bientôt la déchéance de l'intellectualité fera qu'on ne la comprendra plus du tout. Il est bien évident que le besoin du fait tuera le besoin du symbole. A cette heure, il est difficile, en des villes, de trouver des gens du peuple qui possèdent une littérature orale, et comme la littérature écrite ne parvient pas jusqu'au peuple, le peuple n'a plus de littérature du tout, devient en cela semblable à la majorité de la bourgeoisie.
 Deux classes seulement d'êtres humains, en France, ont des connaissances ou des notions d'art : les lettrés (en petit nombre), et les illettrés absolus. Le cerveau d'un illettré breton est souvent plus riche en poésie que celui d'un poète symboliste, — et combien plus élevée en spiritualité que celle d'un lecteur de journaux et de romans, l'âme d'un porcher hongrois qui rôde parmi les bois de la puszta en se ressouvenant de chansons telles que:


 Trois écharpes blanches j'ai acheté.
 Quand je les porterai je serai blanche,
 blanche comme un cygne, comme un cygne:
 nul n'osera m'embrasser.


 Trois écharpes rouges j'ai acheté.
 Quand je les porterai je serai rouge,
 rouge comme une rose, comme une rose:
 sur moi pleuvront les baisers du bien-aimé.


 Trois écharpes couleur d'or j'ai acheté.
 Quand je les porterai, je serai couleur d'or,
 couleur d'or comme un tournesol, comme un tournesol:
 c'est aux jeunes filles qu'appartient le monde.


 Trois écharpes brunes j'ai acheté.
 Quand je les porterai, je serai brune,
 brune comme une chouette, comme une chouette:
 personne ne me demandera plus un baiser.

 Cette chanson, comme toutes celles de la seconde partie du recueil, est d'un genre spécial, sans thème anecdotique, et on n'en connaît guère d'analogues que parmi les strambotti sicilien. Les ballades, au contraire, qui ouvrent le volume, se retrouve dans presque toute l'Europe. Il est très singulier qu'une poésie ou qu'un conte se soient propagés oralement en dix pays de langues différentes: aucune explication n'a encore pu être donnée de ce fait. Il faut vraiment avoir les textes sous les yeux pour admettre que la très populaire ballade, dont le thème est la symbolique histoire grecque, Héro et Léandre, soit aujourd'hui même chantée par les paysans

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