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Ou s'elle a, rompante les vignes,
Nourri de soleil vingt flacons :
Muses ! l'élisez la plus digne
Et le soin de sa main provigne
Les vergers pompeux d'Hélicon!
Et puis ordonnez, beau-riantes,
Vous, ô beau-ballantes enfants,
Que la rose et le mélianthe
Se tordent en tresses brillantes
Autour de son front triomphant!
Puis ô vous, beau-chantante troupe,
Fêtez! puis ô vous et chantez
Celle mieux chère à Callioupe
Pour qui va tonner dans la coupe
Le vin de l'Immortalité!
Tu le sais, toi, Muse, ma mère !
Si de toi l'honneur que j'attends,
Autre fut jamais que d'Homère
Renouer la corde prospère
A la lyre des nouveaux temps!
Tu sais si ma joue, au barbare
Implacable et riche en haros,
N'a rompu les flûtes avares
Et tordu l'airain de Pindare
Avec le poumon des héros!
Tu sais si mon bras grave aux taures
Les a pas, beuglantes, courbé's
Et si j'ai, vidant sa pléthore,
Plongé dans la tripe au Centaure
Toute la longueur de l'épé'!
Et si jamais soye autre trace
Que poursuivie ai-je et suivrai
Que de rendre le luth de Thrace,
Le luth de Ronsard et d'Horace,
A ce moréas bien lauré!
Mars 1891.
Maurice du Plessys.