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De MercureWiki.



C'est le Styx asséché : le chiffonnier Diogène,
La lanterne à la main, s'en vient avec sans gène.
Le long du ruisseau noir, les poètes pervers
Pêchent: leur crâne creux leur sert de boîte à vers.


C'est le champ: pour glaner les impures charpies
S'abat le vol tournant des hideuses harpies;
Le lapin de gouttière, à l'affût des rongeurs,
Fuit les fils de Bondy, nocturnes vendangeurs.


C'est la mort : la police git. — En haut l'amour
Fait sa sieste, en tétant la viande d'un bras lourd
Où le baiser éteint laisse sa plaque rouge.
L'heure est seule. — Ecoutez: pas un rêve ne bouge.


C'est la vie: écoutez, la source vive chante
L’éternelle chanson sur la tête gluante
D'un dieu marin tirant ses membres nus et verts
Sur le lit de la Morgue... et les yeux grands ouverts.


paris diurne
Vois aux cieux le grand rond de cuivre rouge luire,
Immense casserole où le bon Dieu fait cuire
La manne, l'arlequin, l'éternel plat du jour :
C'est trempé de sueur et c'est trempé d'amour.


Les laridons en cercle attendent près du four,
On entend vaguement la chair rance bruire,
Et les soiffards aussi sont là, tendant leur buire,
Le marmiteux grelotte en attendant son tour.


Crois-ta que le soleil frit donc pour tout le monde
Ces gras graillons grouillants qu'un torrent d'or inonde?
Non, le bouillon de chien tombe sur nous du ciel.


Eux sont sous le rayon et nous sous la gouttière.
A nous le pot au noir qui froidit sans lumière.
Notre substance à nous, c'est notre poche à fiel.


 N'est-ce pas comme d'un autre Saint-Amant, aussi personnel, plus trouveur encore d'images neuves? — Pour une dissection du talent de Corbière, que l'on se reporte aux notes de Laforgue (Entretiens Politiques et Littéraires du dernier juillet). — En une étude, j'aurais aimé à dire un mot de l'auteur du Négrier, dont le violent amour de la mer influa sur le poète très fortement. Ce Négrier, par Édouard Corbière, capitaine au long-cours, 1832, 2 vol. in-8°, est un assez intéressant roman d'aventures maritimes. Le chapitre IV de la première partie, intitulé Prisons d'Angleterre, renferme les plus curieux détails sur les mœurs des prisonniers, sur les amours des corvettes avec les forts-à-bras, — en un lieu, dit l'auteur, où, pourtant, « il n'y avait qu'un sexe ». La préface de ce roman décèle un esprit très hautain et très dédaigneux du public : le même esprit avec du talent et une nervosité plus aiguë, — vous avez Tristan Corbière.

R. G.

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