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De MercureWiki.



Solitude où l'extase a le goût du blé mûr,
Arbres puissants, troncs noirs, rameaux gonflés de sève;
Nids où l'on peut fermer le vol las de son rêve;
Oiseaux bleus qui chantez à la crête du mur.


O mon cœur désolé, c'est ici la patrie;
Tu vas t'asseoir enfin à la table des Dieux,
Et la coupe d'or luit sur la nappe fleurie.


« Sézame, ouvre-toi donc », dis-je au ciel radieux;
Et le ciel laisse voir comme un trésor de fable
Les doigts purs d'Ophélie et le lys ineffable.


 A part le nom d'Ophélie, qui appartient incontestablement à Shakespeare, je n'ai rien vu là qui rappelât la poésie anglaise ni surtout ceux des poètes anglais qui, comme Shelley, Swinburne, ou G.-D. Rosetti, ont eu une sérieuse influence sur beaucoup de nos contemporains. M. Duchosal serait plutôt parent de Henri Heine, moins l'ironie, et de ces deux songeurs discrets et tristes, Grégoire Le Roy et Fernand Séverin: je parle seulement en cela de la qualité de sa pensée et point du tout de l'expression ni des habitudes techniques. La langue et la rhythmique de M. Duchosal sont, comme on en a pu juger tout à l'heure, absolument traditionnelles. Il fallait bien cependant que M. Edouard Rod eût quelque prétexte à dire une sottise, son manque d'imagination lui interdisant d'en inventer une de toutes pièces. La seule liberté que M. Duchosal se permette à l'égard de la rime est de faire rimer quelquefois des infinitifs de la première conjugaison avec des participes passés: p.ex. brisé et poser (page 86), ou des singuliers avec des pluriels : vous aurez, colorés, adorer (page 60), c'est-à-dire de rimer pour l'oreille seulement, et encore le fait-il assez rarement. Il est vrai qu'une pièce, l’Aubade, dénote une audace beaucoup plus grande : les rimes sont perverses : autel et dentelles, nids et infinies, et les assonances aussi : oiseaux et roses. Je crois pour ma part que c'est là une grave erreur et qu'il n'y a plus alors ni rime ni simple assonance : on sait que dans les poèmes assonancés toute une laisse était masculine ou féminine, et que l'observation de cette règle est rigoureuse. Mais les plus traditionnels des poètes, Théodore de Banville et Catulle Mendès, bien avant Ernest Raynaud, se sont parfois égayés à mettre ainsi à la fin des vers des syllabes de sexes différents, et personne n'a jamais supposé qu'ils voulussent secouer « la tyrannie de la rime »
 Toutes ces discussion philologiques et ces controverses avec M. Rod risqueraient de faire perdre de vue Le Livre de Thulé en lui-même, et ce serait dommage. Mais il y a dans le recueil nombre de pièces aussi purement belles que le sonnet cité, et j'espère que ceux qui savent lire les notes bibliographiques n'auront retenu que lui: ce sera pour qu'ils aiment et admirent, comme je le fais, un exquis et lointain poète, et regrettent seulement de ne point connaître tout de suite tout le livre.

P. Q.

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