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Ta mémoire est bonne, Deuteros. C'est ainsi qu'il faut te rappeler Socratès, et l'imagination le fera revivre en toi.
Socratès te répondit, mais j'ai oublié sa réponse. Elle a fui comme le lièvre fuit du bois envahi par le chasseur.
Je te la redirai, Deuteros, et tu ne l'oublieras plus.
Pourquoi ne pas redire deux autres mots jadis entendus, les mots de la claire nuit de juin où notre primitive unité renaquit dans le mystique secret de l’Éros triomphant.
La présence de Prôtos nous impose une réserve qu'il ne convient pas de violer.
Fuyons alors. L'ombre a bleui sous les bois d'olivier.
Deuteros! Deuteros !
J'ai trouvé la péroraison sacrée, l'auguste mélodie du verbe terminal, écartant les dissonances et les terminaisons barbares. Maintenant, j'ose le dire, notre divin Socratès sera dignement loué.
Nous étions des ingrats, Prôté. Lui pense toujours à notre maître absent.
Non, grand sot, il pense à son oraison funèbre (plus bas) Fuyons, dis.
R. Minhar.