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 Il ne faudrait point sur la foi du mot Chantefable s'imaginer qu'A. Mockel soit un précurseur de la très précieuse école romane : il veut simplement indiquer par là que son œuvre est mélangée de prose et de vers. Mais le vocabulaire n'a rien d'archaïque, et, malgré la volonté bien évidente d'être simple et ingénu, rien ne rappelle ici la gaucherie médiévale et le sauvage désordre des longues gestes : premier regard émerveillé des enfants vers les choses coutumières, émoi de l'adolescent qui se sépare presque avec angoisse des heures puériles, lutte dans le cœur du jeune homme entre la douce sollicitation d'amour et le désir d'être un triomphateur dans l'universelle mêlée, puis, après les inutiles batailles, la venue vers la Petite Elle, aussi vaine, et enfin, à la suite des Voix qui parlent en nous-mêmes, la recherche de celle dont toutes les autres ne sont que des reflets et qui s'évanouirait aussitôt contemplée et l'intuition presque divine qui se crée un monde de lumière et de gloire, telle, en une série de poèmes, se développe avec le nécessaire caprice des variations une histoire d'âme.
 Je crains seulement que la naïveté ne s'y rencontre point, sauf sur la couverture du livre, et pour ma part je n'y vois pas le moindre mal ; la prétention d'être simple ne peut-être, maintenant, qu'une extraordinaire facétie ou le signe d'une monstrueuse perversité : ainsi une courtisane usée qui se grimerait en Agnès. L'art d'Albert Mockel est des plus complexes qui soient, tant qu'il devient parfois obscur. Je ne parle pas seulement de la langue, qui est en général assez claire et accessible au commun des mortels (et cependant, il faut bien au moins condamner un étrange emploi de participes passées accompagnés d'un pronom réfléchi : « à dire les mains aux bouches s'unies ») ; il en est de même du rhythme. La place me manquerait pour discuter cette difficile question du vers polymorphe. J'admets donc en principe la technique adoptée par A. Mockel. Mais alors il faut s'entendre et je demanderai que l'alexandrin — le vers type pour les poètes traditionnels — n'apparaisse qu'exceptionnellement, tandis qu'ici, neuf fois sur dix, tous les autres mètres employés ne sont que la résolution ou l'extension de ce vers type. Je ne vois plus alors pourquoi le renier et l'usage des rhythmes libres prend un caractère d'arbitraire qu'il importerait d'éviter. Ainsi tels vers, fort beaux par eux-mêmes, rompent ici l'unité d'effet par le ressouvenir des musiques régulières, tandis qu'ailleurs le charme provient uniquement d'harmonies nouvelles, obtenues par des allitérations et des assonances. Mais si j'oublie un instant cette analyse esthétique meurtrière de toute joie, des vers comme ceux-ci m'agréent infiniment et ma peine est que ce soit peut-être contre le vœu du poète :
  Je cherche le sourire élu par mon sourire,
  l'aigue jaillie ainsi que l'épuise ma lèvre,
  et mon rêve est aussi de chose disparues
  et vivre, et les soupirs d'aimer, et je voudrais
  dire à l'Amaryllis les mots de mon rêve.

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