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BEAUTÉ MAUDITE


 Je suis si belle que partout où je vais — Les hommes ressentent l'étrange désir de baiser mon visage, — Et tendent les mains pour me toucher quand je passe, — Et les femmes me suivent de place en place.

 Un poète qui écrit des douceurs sur sa belle — Laisse la page humide (ah! elle aura le temps de sécher!), — La fiancée oublie que c'est le jour de son mariage — Et le fiancé l'oublie aussi, quand je passe.

 Dans les rues où mes pieds magiques se promènent, — Toutes les affaires se taisent et les trafiquants oublient, — Pour l'or de mes cheveux, oubliant l'autre or médiocre, — Et le pauvre devient insoucieux de ses dettes.

 Deux amoureux s'embrassent à l'écart ; — Si je viens à passer, ils ne s'embrasseront plus; — Je me dresse entre le roi et son désir, — Et partout où je suis, tout autre amour que de moi est vain.

 Oh! quand je vais le long des sentiers dans les bois, — D'étranges créatures m'envoient l'amour effronté de leurs yeux — Et d'entre les herbes grimpent vers ma poitrine — Et d'entre les feuilles des arbres se laissent tomber vers ma bouche.

 Les vaches endormies se meuvent énamourés autour de moi — Et pressent leurs lèvres vaseuses sur mes cheveux, — Les crapauds et les autres bêtes des bourbiers viennent me baiser les pieds, — Les limaçons laissent leurs coquilles pour guetter mon passage.

 Mais tous ces hommages, qu'est-ce que cela me fait? Je chasse le bœuf et J'écrase le crapaud, — Je ne sais qu'une chose, c'est que je suis très belle — Et que le monde fut créé pour me permettre de respirer.

 J'attends l'heure où Dieu se lèvera — De l'étoile qui depuis si longtemps lui sert de trône,— Et s'inclinera devant la merveille de mes yeux, — Et m'installera à sa place : Je suis aussi belle que ça.

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