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n'est qu'une saisissante évocation. L'ombre de Henri passe et repasse, s'abîme dans le dialogue et reparaît alternativement, tel un voilier par une mer obscure et démontée. Tempête sous deux crânes autour d'une mémoire.
 « Il m'environne, il m'affole! Au point que moi, une chaste fille, une religieuse dont la pensée fuyait jusqu'au soupçon même de certaines choses, quand Jeanne m'a menée dans la chambre où il a rendu l’âme, j'entendais des baisers d'époux passer dans l'air où flottait encore son dernier souffle! »
 Ce cri de Julie est le cri même que nous étouffons. Le mort nous environne, l'absent nous obsède. Jeanne qui fut sa femme, et Julie en qui la fiancée vit éternellement, ces deux veuves ne se rencontrent pas sans qu'il surgisse, ne marchent pas sans qu'il les suive, n'ouvrent pas la bouche sans que son nom monte à la nôtre. Il est vraiment l'âme de votre pièce, et l'on comprendrait, Monsieur, que vous eussiez, sur la brochure, ajouté à la liste des rôles: Henry, personnage occulte.
 A côté de ce fantôme, Julie n'est-elle pas toute dans ces aveux qui la définissent : « Quoi que vous puissiez penser de mon caractère, ouvrez les yeux et constatez qu'il manque de souplesse. Il y a une aridité d'âme qui ne se guérit pas. » Et encore: « Pendant dix-huit ans, j'ai été un instrument aveugle entre les mains des supérieures; ma vertu était leur chef d'œuvre. Je respirais, je parlais, je pensais avec la communauté. Je ne sais plus faire usage de ma volonté... La responsabilité m'affole. »
 Deux choses étonnent, cependant, de prime abord, dans le ferme dessin de cette haute figure : la facilité avec laquelle se raniment les anciennes braises, sous la cendre accumulée par dix-huit années de Sacré-Cœur, à Vannes; puis, aussi, que ce long séjour au couvent n'ait pas déterminé, chez celle qui en sort, une propension à dissimuler davantage, à, moins volontiers divulguer ses projets, ses sentiments.
 Ce sont là courtes surprises pour quiconque a retenu la déclaration de Julie : « On m'appelait « ma mère » et j'étais bien réellement mère, toujours en deuil de quelque fille. Voyez-vous, je n'ai jamais pu renoncer a être femme, douloureusement et humainement femme. » Sans doute, on peut lui reprocher quand même de ne point conserver, ne fût-ce qu'au

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