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Il y deux modes dans l'amour: le corps et l'âme. Il n'y a qu'une substance : la vie.
L'amour ne rend pas meilleur, il rend autre.
Il y a plus à gagner à aimer; il y a moins à perdre à ne pas aimer.
L'incertitude du cœur est l'aléa de l'amour: c'est sans doute ce qui fait qu'on se passionne de ce jeu-là.
L'amour de la gloire est si grand, que, lorsque tout nous échappe, nous nous donnons au moins la gloire de l'amour.
La pitié, l'honnêteté, l'inertie jouent un grand rôle dans l'amour. Si on brisait là dès qu'on n'aime plus, il n'y aurait guère d'unions durables. La séparation est une mesure extrême motivée non par l'épuisement de l'amour, mais par l'engendrement de la haine.
On aime rarement ceux qu'on a intérêt à aimer.
Quand on mêle le devoir à l'amour, l'idée du devoir finit par absorber l'idée de l'amour.
Lorsqu'on fait valoir ses droits à être aimé, c'est que déjà on n'est plus aimé.
La tyrannie de l'amour ne se fait jamais plus sentir que lorsqu'il n'y a plus d'amour.
L'amour doit être l'Alphée de ces écuries d'Augias, les sens.
La poésie et la physiologie sont les deux pôles de l'amour.