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Encore qu'elle s'effraie un peu de ses cheveux gris, il fait d'elle sa femme et la ramène au château héréditaire d'Allemonde, où habitent autour d'Arkël ; l'aïeul, sa mère Geneviève, son frère Pélléas et le petit Yniold, son fils du premier lit. Dès la première rencontre, avant d'avoir prononcé une parole, par l'élection des Puissances suprêmes, Pélléas et Mélisande s'aiment éperdument. Longtemps, « ils jouent en rêve autour des pièges des destinées » ; et quand ils échangent leur baiser de noces adultères, Goland tue Pélléas et blesse légèrement Mélisande, qui meurt peu après non de la blessure, mais d'une incurable nostalgie.
 Telle est l'affabulation : on n'en pourrait imaginer de plus initiale. Mais comme chaque scène conduit plus près de l'abîme ouvert pour eux, depuis l'origine des âges, les acteurs de ce drame ! Ils ont un pressentiment obscur des choses qui adviendront, et nul contraste n'est plus poignant que celui de leur amour ingénu et de leur tristesse secrète ; ils devinent qu'on n'échappe pas à sa destinée et qu'il y a une harmonie préétablie entre les événements et l'inconscient désir de notre volonté. Certes, ils semblent étrangers à ce qui leur arrive, et qui sait cependant si la cause réelle de tout cela n'est pas en eux-mêmes. La scène du meurtre est bien caractéristique : ils viennent de s'embrasser brusquement ; ils ont peur de leur joie nouvelle et ils s'arrachent presque à leur destinée, comme s'ils devaient se mentir toujours. Mais ils aperçoivent Golaud qui les épie, aviné, prêt à l'égorgement, et alors leur âme véritable se dévoile et c'est un débordement forcené de passion :
  Pélléas. — Va-t'en! Va-t'en ! il a tout vu ! il nous tuera !
 Mélisande. — Tant mieux ! tant mieux ! tant mieux !
 Pélléas. — Il vient ! il vient ! ta bouche ! ta bouche !
 Mélisande. — Oui !... Oui! Oui !

(Ils s'embrassent éperduement)

 Pélléas. — Oh! Oh toutes les étoiles tombent !
 Mélisande. — Sur moi aussi! sur moi aussi !
 Pélléas. — Encore ! donne ! donne !
 Mélisande. — Toute ! toute ! toute !
 La venue de Golaud semble seule les jeter dans les bras l'un de l'autre : point ; ils s'enlaçaient déjà ténébreusement d'autres soirs ; mais ils n'étaient pas sincères, et il a fallu la terrible lumière des heures éternelles pour qu'ils cessassent de ruser avec le sort et avec eux-mêmes.
 Mais le charme suprême, c'est que ce drame qui prête ainsi à penser soit en apparence aussi simple qu un conte de fées ; il en a les vives et charmantes couleurs, la grâce juvénile, l'élégance romantique, et c'est merveille que M. Maurice Maeterlinck sache ainsi prononcer les fraîches paroles de la légendé et pense en même temps avec la grave lucidité d'un contemplateur.


P. Q.


 Les Vergers illusoires, par André Fontainas (Librairie de l'Art Indépendant. — En 1889, M. André Fontainas publiait Le Sang de Fleurs, recueil de poésies éparses

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