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se dégageant des objets eux-mêmes, la voix retentit à nouveau en conformité avec la scène lugubre où jouait le sinistre acteur.
 — « A quoi sert de s'irriter ou de gémir ? Quoi que je fasse, et si pures, et si remplies de bonnes œuvres que soient mes dernières années, il me sera toujours impossible de détruire cette page du livre de ma vie. Et c'est un illusoire travail que j'entreprends à vouloir l'effacer.
 » Aucun mobile bas, intéressé, cupide, n'a d'ailleurs jamais guidé mes actes, et c'est à un instant de folie que je dois d'avoir tué. Les autres, s'ils savaient comment mes crimes ont été commis, m'absoudraient : moi, je me torture inutilement à essayer comme eux de séparer le fou criminel de l'être juste, honnête et sensé que je n'ai cessé d'être en dehors de ces hideux accès. Il me paraît, au contraire, que ce fou et que ce sage ne sont qu'un individu ; que cet individu c'est moi, et tous mes efforts pour juger autrement sont annihilés par le souvenir, demeurent vains.
 » Certes, je sais que tout est vain, que toute l'activité répandue sur la terre est un masque trompeur et ironique, qui cache mal le néant ; je sais que sont stériles les travaux des hommes, comme ceux des éléments, comme la stupide course de ces rafales, comme ce mouvement incessant et sans but de la mer ; je sais que tout est vain, que cette parole, pour dater de près de trois mille ans, n'a rien perdu de son sens, et par là je sais que mon supplice ne finira pas, car je devrais renoncer à toute tentative d'oubli, mais je me heurte là à une préoccupation constante qui, sans cesse, me ramène aux douloureux retours sur moi-même, et je n'arrive pas à obtenir cette scission entre le passé abominable et le présent.
 » Oh, le petit enfant qui pleurait ce matin, sur la plage !
 » Je voudrais tant pleurer ! »
 Une mauvaise brise de noroët siffla dans la lande ainsi qu'un rire extra-humain ; sous le souffle puissant, un fourré d'ajoncs épineux s'inclina, presque gouailleur. Puis tout redevint calme, et l'inconnu disparut dans le tiède poème de paix que chantait la nuit.
 Gaston Danville.

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