Page:Mercure de France tome 006 1892 page 124.jpg
(→Non corrigée) |
(→Non corrigée) |
||
Ligne 3 : | Ligne 3 : | ||
</noinclude><center>II</center> | </noinclude><center>II</center> | ||
− | <br />{{gap}}« Oui, vous serez mon premier amant, enfant, et vous serez le premier. | + | {{smaller|<br />{{gap}}« Oui, vous serez mon premier amant, enfant, et vous serez le premier. |
− | <br />{{gap}}« Et dans le nid de mon sein je vous élèverai ; et, — que plus d'une dise que vous l'avez baisée sur la lèvre ou la joue, — votre chaîne je briserai et laisserai choir sur le gazon,afin que vous me quittiez, si vous l'osez! Et nous folâtrerons ainsi l'entière nuit, après le jour! » <center>III</center> | + | <br />{{gap}}« Et dans le nid de mon sein je vous élèverai ; et, — que plus d'une dise que vous l'avez baisée sur la lèvre ou la joue, — votre chaîne je briserai et laisserai choir sur le gazon,afin que vous me quittiez, si vous l'osez! Et nous folâtrerons ainsi l'entière nuit, après le jour! »}} <center>III</center> |
− | <br />{{gap}}« Mais, — me laisser être votre second amant, Madame, me permettrez-vous,— le second? | + | {{smaller|<br />{{gap}}« Mais, — me laisser être votre second amant, Madame, me permettrez-vous,— le second? |
− | <br />{{gap}}« Je frapperais, alors, si gentement à la vitre de votre fenêtre ; et je me glisserais où jamais homme n'a reposé, — entre les rideaux ; et jamais je ne quitterais ton coté, que l'étoile du matin n'ait fait signe, — dans le lacis de soie de l'embrassement de tes jeunes bras! » | + | <br />{{gap}}« Je frapperais, alors, si gentement à la vitre de votre fenêtre ; et je me glisserais où jamais homme n'a reposé, — entre les rideaux ; et jamais je ne quitterais ton coté, que l'étoile du matin n'ait fait signe, — dans le lacis de soie de l'embrassement de tes jeunes bras! »}} |
<center>IV</center> | <center>IV</center> | ||
− | <br />{{gap}}« Bien, tu seras mon second amant, gentil enfant, tu seras le second. | + | {{smaller|<br />{{gap}}« Bien, tu seras mon second amant, gentil enfant, tu seras le second. |
− | <br />{{gap}}« Et je veillerai dans l'attente de ta venue, en ma solitaire retraite ; et je m'abandonnerai dans tes baisers, — tel un bourgeon au spectacle d'avril, — du lever de la lune jusqu'à l'heure de l'aube, signifiée par la cloche de la tour ; et dans mes bras, je t'enfermerai, silencieux, sous le charme. » | + | <br />{{gap}}« Et je veillerai dans l'attente de ta venue, en ma solitaire retraite ; et je m'abandonnerai dans tes baisers, — tel un bourgeon au spectacle d'avril, — du lever de la lune jusqu'à l'heure de l'aube, signifiée par la cloche de la tour ; et dans mes bras, je t'enfermerai, silencieux, sous le charme. »}} |
<center>V</center> | <center>V</center> | ||
− | <br />{{gap}}« Non ! je serai ton troisième amant, Dame, je serai le troisième! | + | {{smaller|<br />{{gap}}« Non ! je serai ton troisième amant, Dame, je serai le troisième! |
− | <br />{{gap}}« Et je me précipiterai sur toi — qui te baignes dans un bois solitaire ; et je te porterai sur ma selle ; et sur le torrent et les pierres nous chevaucherons ; et je te presserai bien, et, bien, te baiserai, et je ne dirai jamais un mot, — jusqu'à ce que tu aies repoussé le bord de la coupe d'amour! | + | <br />{{gap}}« Et je me précipiterai sur toi — qui te baignes dans un bois solitaire ; et je te porterai sur ma selle ; et sur le torrent et les pierres nous chevaucherons ; et je te presserai bien, et, bien, te baiserai, et je ne dirai jamais un mot, — jusqu'à ce que tu aies repoussé le bord de la coupe d'amour! »}} |
<center>VI</center> | <center>VI</center> | ||
− | <br />{{gap}}« Alors, enfant, tu ne seras pas mon premier amant, — ni le second, — ni le troisième! | + | {{smaller|<br />{{gap}}« Alors, enfant, tu ne seras pas mon premier amant, — ni le second, — ni le troisième! |
<br />{{gap}}« Sois le premier, — je me rirai de toi et percerai d'aiguillons tes chairs ; | <br />{{gap}}« Sois le premier, — je me rirai de toi et percerai d'aiguillons tes chairs ; | ||
<br />{{gap}}« Sois le second, —je te chasserai de ma chambre, avec un rire moqueur, avec dédain ; | <br />{{gap}}« Sois le second, —je te chasserai de ma chambre, avec un rire moqueur, avec dédain ; | ||
<br />{{gap}}« Et si tu oses être le troisième, ma dague jamais vue je tirerai, et couperai ton cœur en deux. | <br />{{gap}}« Et si tu oses être le troisième, ma dague jamais vue je tirerai, et couperai ton cœur en deux. | ||
− | <br />{{gap}}« Et alors, je mourrai, en te pleurant!... » | + | <br />{{gap}}« Et alors, je mourrai, en te pleurant!... »}} |
<br />{{gap}}Par ces quelques traductions seulement, on est a peu près informé du génie poétique de Beddoes. Il est facile de découvrir ce qui l'éloigne et le met au-dessus de Southey, par exemple, ou de Thomas Moore lui-même, — si l'on compare à l'une quelconque des poésies que nous avons traduites les plus belles pages de l'un ou l'autre de ceux-ci. Par exemple,prenons<noinclude> | <br />{{gap}}Par ces quelques traductions seulement, on est a peu près informé du génie poétique de Beddoes. Il est facile de découvrir ce qui l'éloigne et le met au-dessus de Southey, par exemple, ou de Thomas Moore lui-même, — si l'on compare à l'une quelconque des poésies que nous avons traduites les plus belles pages de l'un ou l'autre de ceux-ci. Par exemple,prenons<noinclude> | ||
</div></noinclude> | </div></noinclude> |
Version du 14 novembre 2014 à 14:16
« Oui, vous serez mon premier amant, enfant, et vous serez le premier.
« Et dans le nid de mon sein je vous élèverai ; et, — que plus d'une dise que vous l'avez baisée sur la lèvre ou la joue, — votre chaîne je briserai et laisserai choir sur le gazon,afin que vous me quittiez, si vous l'osez! Et nous folâtrerons ainsi l'entière nuit, après le jour! »
« Mais, — me laisser être votre second amant, Madame, me permettrez-vous,— le second?
« Je frapperais, alors, si gentement à la vitre de votre fenêtre ; et je me glisserais où jamais homme n'a reposé, — entre les rideaux ; et jamais je ne quitterais ton coté, que l'étoile du matin n'ait fait signe, — dans le lacis de soie de l'embrassement de tes jeunes bras! »
« Bien, tu seras mon second amant, gentil enfant, tu seras le second.
« Et je veillerai dans l'attente de ta venue, en ma solitaire retraite ; et je m'abandonnerai dans tes baisers, — tel un bourgeon au spectacle d'avril, — du lever de la lune jusqu'à l'heure de l'aube, signifiée par la cloche de la tour ; et dans mes bras, je t'enfermerai, silencieux, sous le charme. »
« Non ! je serai ton troisième amant, Dame, je serai le troisième!
« Et je me précipiterai sur toi — qui te baignes dans un bois solitaire ; et je te porterai sur ma selle ; et sur le torrent et les pierres nous chevaucherons ; et je te presserai bien, et, bien, te baiserai, et je ne dirai jamais un mot, — jusqu'à ce que tu aies repoussé le bord de la coupe d'amour! »
« Alors, enfant, tu ne seras pas mon premier amant, — ni le second, — ni le troisième!
« Sois le premier, — je me rirai de toi et percerai d'aiguillons tes chairs ;
« Sois le second, —je te chasserai de ma chambre, avec un rire moqueur, avec dédain ;
« Et si tu oses être le troisième, ma dague jamais vue je tirerai, et couperai ton cœur en deux.
« Et alors, je mourrai, en te pleurant!... »
Par ces quelques traductions seulement, on est a peu près informé du génie poétique de Beddoes. Il est facile de découvrir ce qui l'éloigne et le met au-dessus de Southey, par exemple, ou de Thomas Moore lui-même, — si l'on compare à l'une quelconque des poésies que nous avons traduites les plus belles pages de l'un ou l'autre de ceux-ci. Par exemple,prenons